Alors que le peuple tunisien célèbre le 1er anniversaire de la fuite de Ben Ali, le Soir échos s'est rendu sur place. Une manière de mieux comprendre les défis qui attendent cette jeune démocratie, ainsi que les réussites, mais aussi les échecs, enregistrés lors des douze derniers mois. La Tunisie a aujourd'hui un président de la république, un gouvernement et une assemblée chargée de rédiger la future Constitution. La tâche, a priori, semblait facile, mais que de chemins parcourus, parfois semés d'embuches, depuis la fuite de l'ancien dictateur Zine el Abidine Ben Ali. S'il est vrai que la transition tunisienne semble être sur de bon rails, contrairement à ses voisins libyens et égyptiens, cela est dû à l'intelligence du peuple tunisien, mais aussi à la sagesse de son armée, qui, elle, a préféré rester dans ses casernes. Durant les douze derniers mois, bien des étapes ont été franchies. À la suite de la démission du gouvernement Mohammed Ghannouchi, très décriée par la société civile, le président Mebazaa a fait appel à un homme qui a conduit la transition démocratique d'une main de maître, il s'agit évidemment de Béji Caid Essebsi. Il a été décidé, dès les premiers jours de l'après-Benali, d'instituer une instance chargée de réaliser les objectifs de la révolution, présidée par le très respecté juriste, Yadh Ben Achour. Le miracle a été de regrouper sous la même coupole des acteurs de la société civile, des partis politiques, des indépendants, des syndicats, mais aussi des patrons. C'est bien grâce à l'instance que l'élection de la constituante fut une réussite. Transformer l'essai Bien des tentions sont nées de cette dualité du pouvoir entre le gouvernement et l'instance Benachour. Mais comme nous l'a dit Kais Sellami, membre de ladite instance, «95% des recommandations de l'instance ont été pris en compte par le gouvernement Essebsi». C'est bien grâce à l'instance que l'élection de la constituante fut une réussite ; c'est bien elle qui s'était chargée de former une commission indépendante chargée de superviser l'élection. Suite aux élections, le parti islamo-conservateur Ennahda est sorti grand vainqueur ; il s'est allié à deux partis modernistes : Ettakatol et le Congrès pour la République. Un gouvernement est né de cette alliance, avec comme président Hemmadi Jebali, ancien prisonnier politique. Tandis que Moncef Marzouki, le militant des droits de l'Homme, a été investi président, Mustapfa Benjaâfar d'Ettakatol est, lui, monté au perchoir. Maintenant que le gouvernement est formé, des défis de taille attendent la Tunisie de 2012 : l'économie tunisienne est au point mort ; le pays compte pas moins de 1 millions de chômeurs, dont une bonne partie sont des diplômés. L'insécurité plane dans bon nombre de localités tunisiennes. L'administration est toujours infestée d'anciens RCDistes ; tandis que les protestations sociales ne se sont toujours pas apaisées.