Depuis juin 2011, les recycleurs informels de la décharge d'Akreuch, aujourd'hui en réhabilitation, ont la possibilité de travailler dans un centre de tri situé à Oum Azza. Une nouvelle ligne de tri sera ouverte d'ici 18 mois. Il suffit de s'éloigner de quelques kilomètres du très huppé quartier Souissi de Rabat, en prenant la direction de Akreuch, pour être baigné dans un océan de verdure. Après quelques virages, l'automobiliste est rapidement extirpé de sa rêverie par une odeur nauséabonde. Celle de la décharge de Akreuch située non loin d'ici. Aujourd'hui, celle-ci est en réhabilitation. Et c'est un soulagement pour les riverains. Mais où sont passés tous ces hommes, femmes et enfants qui se sont spécialisés, bon gré mal gré, dans le tri et la revente de ces déchets ?Depuis juin 2011, une alternative leur est proposée à Oum Azza, près de Ain Aouda. C'est ici que le Groupe Pizzorno environnement, par le biais de sa filiale Segedema, a ouvert un centre de tri mécanisé de déchets. Concrétisation d'un appel d'offres qui avait été lancé par la wilaya de Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs. Bouteilles plastiques, verre, ou encore ferraille. Tout ce qui arrive sur les tapis et qu'ils trient leur appartient. A eux de les revendre par la suite, à des acheteurs agréés. Les enfants à l'école « Nous avons ouvert en avance par rapport à notre programme, et sous impulsion du wali de Rabat Hassan Amrani. Il était question de réintégrer l'ensemble des trieurs de l'informel qui travaillaient sur l'ancien site d'Akreuch », nous précise Nicolas Salin, directeur des relations publiques et nouveaux projets à la Segedema. Concrètement, qu'est-ce qui est proposé à ces recycleurs de l'informel, qui vivaient dans l'anarchie d'une décharge à ciel ouvert ? « Le projet prévoit tout d'abord le recensement de l'ensemble des recycleurs. Hommes, femmes et enfants. Les enfants n'ont pas leur place dans une décharge, et les femmes devraient être avec les enfants. Donc nous avons pris en priorité les hommes, mais aussi les femmes chefs de familles », signale Nicolas Salin. Ici, aucun salaire fixe ne leur est attribué. « Nous leur apportons uniquement un outil industriel et un encadrement », avertit Nicolas Salin. Bouteilles plastiques, verre, ou encore ferraille. Tout ce qui arrive sur les tapis et qu'ils trient leur appartient. A eux de les revendre par la suite, à des acheteurs agréés par Segedema. La gestion du « business » relève donc des trieurs eux-mêmes, qui ont été organisés en coopérative. Tout leur appartient Formaliser l'informel n'est pourtant pas si simple. « Ce n'est pas facile pour eux de se gérer. Ils n'ont pas l'habitude d'être ensemble », nous apprend celui qui se rend régulièrement sur les lieux. A cela s'ajoute la question de la rémunération. Si auparavant, c'est la loi du plus fort qui régnait, « les “caïds ” de la décharge d'Akreuch ne gagnent pas autant qu'avant ». Ce qui ne les enchante pas. Sans parler du fait que « les trieurs étant rémunérés au prorata de leur acte de présence ». Et du cours de la matière qu'ils revendent. Partager le gâteau n'est donc pas toujours accepté par ceux qui ont dû apprendre à survivre dans la jungle que représentait l'ancienne décharge.Si au départ, le projet prévoyait la réinsertion de 120 trieurs, la Segedema en comptabilise aujourd'hui 153. Or avec le système des coopératives, plus le nombre d'adhérents augmente, plus leur salaire moyen baisse. « Nous les avons alerté sur la situation », nous apprend Nicolas Salin. D'ici 18 mois, une deuxième ligne de tri sera mise en place, permettant à la coopérative ne s'agrandir.