A la veille de l'installation du nouveau gouvernement, l'APEBI profite de l'occasion pour adresser des messages à l'équipe de Benkirane recouvrant beaucoup d'espoirs. Pour la fédération des Ntic et de l'offshoring, il est temps de mettre en valeur l'économie des flux qui l'emporte sur celle des marchandises. La Fédération marocaine des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (APEBI) vient d'organiser une rencontre avec la presse pour, a priori, présenter son bilan pour le mandat 2010-2011 qui touche à sa fin. A écouter Abdallah Deguig, lors de cette conférence, il en ressort que ce dernier s'est focalisé davantage sur les perspectives à moyen terme et les ambitieuses attentes du prochain gouvernement, plus que sur le bilan de son mandat. A une question du Soir échos, portant sur la faible dynamique de l'APEBI tout au long de son mandat, Deguig, haussant un peu le ton, répond : « C'est aux membres du bureau, qui tiendra son assemblée générale le 5 janvier dans le but de dresser le bilan du président sortant et d'élire un nouveau, de me juger ». Et de se défendre : «Le nombre d'entreprises adhérentes a augmenté de 30 %. Sans oublier le fait que l'APEBI a décroché une place au sein du Conseil économique et social…». On se demande alors quelles sont les raisons qui sous- tendent ce point de presse ? Apparemment, les messages politiques adressés à l'équipe de Benkirane, recouvrant beaucoup d'espoirs, ne sont pas à négliger : « Nous avons la stratégie qu'il faut. Ce qu'il faut faire, c'est mettre le train en marche et capitaliser sur ce qui a été fait. J'espère que nous n'allons pas repartir à zéro », lance le président. Le rassemblement des professionnels des nouvelles technologies compte énormément sur la « bonne gouvernance » promue par le parti islamique au pouvoir. En tête de liste des préoccupations, figure l'amendement, tant attendu et très en retard de la loi sur la passation des marchés publics. «Notre secteur et celui des BTP, par exemple, sont traités sur un pied d'égalité, alors qu'il devrait être géré autrement », déplore Deguig. À vrai dire, le marché public est une vraie mine d'or. On le comprend très bien, surtout lorsqu'on connaît le retard flagrant de l'informatisation des services administratifs. Ce même marché serait une source d'argent facile, avec un cahier des charges moins exigeant comparativement au marché privé. L'information, d'abord Sur ce dernier volet, il faut dire que les entreprises nationales ont pris de l'altitude surtout à l'international. L'exemple de HPS et S2M est très significatif à cet égard. Elles ont grandi ailleurs, alors que la logique voudrait qu'elles fassent leur premières armes localement, de l'avis du secrétaire général de l'APEBI. Ce dernier souligne que ce secteur pesant plus de 47 milliards de dirhams, soit moins de 2% du PIB, peut faire mieux, à condition d'être à son chevet et d'écouter suffisamment la profession. Chose qui n'est malheureusement pas faite, s'inquiète Deguig. Le bureau de l'APEBI tient également la même chanson qui court parmi les professionnels : l'Afrique est pleine d'opportunités d'investissement. De nos jours, l'information se vend plus cher que la matière, fait remarquer Deguig. En d'autres termes, l'économie des flux l'emporte sur celle des marchandises. Sommes-nous donc capables de concurrencer les leaders mondiaux incontestés sur leur propre fief à l'exemple du géant Indien (plus de 4 millions d'ingénieurs informaticiens) ou encore la Chine ? L'optimisme est toujours de mise, sauf que le Maroc enregistre une carence en matière de ressources humaines (quelques profils). Les difficultés d'accès au financement, doublé de la petite taille des sociétés, ne sont pas à écarter. D'où l'appel de la profession de se regrouper en consortiums. Course effrénée à la présidence Le compte à rebours a déjà commencé. Et s'il est un point crucial à mettre à l'actif du président sortant, Abdallah Deguig, c'est bien celui de déclencher une course sans merci à la présidence de la Fédération des technologies de l'information. Le nouveau contexte régional, nourri par le Printemps arabe, y apporte également son lot de contributions. Cette course aura-t-elle le mérite de chambouler le champ d'action de l'APEBI ? Deguig n'y croit pas beaucoup. Il pense que la valeur ajoutée de son successeur sera opérée essentiellement « au niveau du style et non à celui du contenu ». A noter que quatre candidats se sont présentés officiellement à savoir Mohamed Slassi, DG d'Audience, Mohamed Lakhlifi, directeur général de Logica Afrique du Nord, Samir Benmakhlouf, DG de Microsoft Maroc et Amine Trabelsi, DG de Casanet.