Le spectre de refus plane sur l'accord agricole Maroc-UE. En dépit d'une éventuelle hausse des quotas accordés, décriée par quelques membres de l'Union, la balance des échanges au niveau des lignes agricoles est déficitaire au profit des Européens. Un autre accord est dans l'expectative ! Il s'agit de l'accord liant l'Union Européenne et le Maroc portant sur les échanges commerciaux de produits agricoles. La première mouture de cet accord signée en 1996, devrait connaître une évolution notamment en matière de baisse de droits de douane et des quotas d'exportations de produits agricoles marocains vers l'Union Européenne. Or, avec un partenaire secoué de plein fouet par la crise de la dette, les Eurodéputés tendent plutôt à voir le verre à moitié vide. Il est en fait question de la concurrence des produits marocains et leurs conséquences sur la pérennité même de certaines exploitations agricoles européennes dont notamment espagnoles et donc son impact sur le niveau de l'emploi ou plutôt du chômage. Pourtant, les professionnels et opérateurs marocains soulignent, chiffres à l'appui, que le Maroc n'est pas un concurrent de l'ampleur que veulent faire croire les Espagnols. La consommation européenne en fruits et légumes d'origine marocaine ne dépasse guère les 2,5 % de l'ensemble du marché. Le niveau de libéralisation des importations sera porté 10 ans après l'entrée en vigueur de l'accord à 67% pour l'offre agricole. Côté marocain, le poids de cette région dans la structure des échanges liés aux produits agricoles dépend justement de la nature de ces produits. Ainsi, au moment où les agrumes sont consommés en priorité chez la Fédération de la Russie, les produits maraîchers et produits transformés d'origine végétale sont importés presque majoritairement par l'Union Européenne. Selon les dernières statistiques disponibles chez l'Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE), les exportations d'agrumes vers la Russie représentent entre début septembre et fin décembre 2010, 57 %. L'Union Européenne n'en importe que 21 %. Le reste se répartit entre le marché nord-américain (14 % environ) et des pays européens non membres de l'UE ainsi que certains pays du Golfe. Les produits maraîchers exportés vers l'Union Européenne représentent en revanche 92%, contre seulement 6 % vers la Russie. Les données de l'Office des changes font de leur côté état d'un déficit commercial pour les lignes agricoles en faveur de l'Union Européenne de 10,4 milliards DH à fin 2010. Nouveaux caps pour nos agrumes Il est clair donc que l'augmentation des quotas à taux réduits pour une gamme importante de légumes (tomates, aubergines, courgettes, ail, concombres) et fruits (oranges, clémentines, melons, fraises) ne permettrait que de redresser la barre d'un échange censé être équitable. Ceci étant, le niveau de libéralisation des importations sera porté 10 ans après l'entrée en vigueur de l'accord à 67% pour l'offre agricole, 92 % pour l'agro-industrie et à 90 % pour la pêche. Parallèlement, les exportations marocaines auront un niveau de pénétration de 67 % pour l'offre agricole, de 98 % pour ce qui est de l'agro-industrie et 100 % pour les produits de la mer. Par ailleurs, la libéralisation est déjà effective pour les animaux vivants reproducteurs ou destinés à l'engraissement, les semences et autres intrants. Eu égard aux obstacles que dressent les opposants du royaume, devra-t-on geler l'accord de libre- échange qui devrait être effectif en faveur de l'UE dès le début de 2012 prévoyant une baisse des droits de douane à 0 % ? Une chose est sûre : la prospection de nouveaux marchés est plus que nécessaire et nos opérateurs ne lésineront pas à se chercher des issues alternatives notamment outre-Atlantique où un accord de libre- échange avec le Canada est en cours de discussion ou encore en Amérique latine, composée de pays émergents qui conduiront la croissance mondiale dans les années à venir. Ou encore non loin de l'Union Européenne, en Russie et dans les pays de l'Europe centrale et de l'Est qui constituent d'ores et déjà des marchés intéressants, notamment pour nos agrumes.