Le Bureau politique du Mouvement Populaire a décidé, mardi, de rejoindre la majorité dirigée par le PJD. Un choix qui semble faire l'unanimité au sein du parti, mais ne résout pas pour autant les graves problèmes que vit la formation en interne. En rajoutant les 32 sièges appartenant aux élus Harakis, le PJD peut désormais se targuer d'avoir déjà formé une majorité, avec 199 sièges, en attendant les « camarades » du PPS. C'est, en effet, à l'unanimité que les membres du Bureau Politique du MP ont décidé de rejoindre la majorité. « Nous avons décidé de rejoindre la majorité pour plusieurs raisons : nos bases électorales sont proches de celles du PJD, nous partageons les mêmes sensibilités et le MP est un parti qui a toujours défendu les intérêts du pays », déclare au Soir échos Hakima El Haïté, membre du Bureau politique du parti cinquantenaire. Même si les compagnons de Mohand Laenser avaient rejoint le G8 de Salaheddine Mezouar, les positions du MP avaient été, durant cette période, caractérisées par des hésitations récurrentes des dirigeants du parti notamment sur leur avenir au sein de cette alliance. Aussitôt le chef du gouvernement nommé, c'est donc sans grande surprise que les Harakis ont fait les yeux doux au PJD. « C'est une question sur laquelle il n'y avait pas beaucoup d'inconnues », répond Mohammed Najib Boulif, l'économiste en chef du PJD. Pour lui, ce n'est pas une surprise si le MP les rejoint : « Le MP était toujours partant », déclare-t-il. « Pour nous, c'est un acquis. Il ne faut pas oublier que le MP est une des composantes du MPCD de feu Dr. Khatib », ajoute Boulif. Car, si le commun des Marocains sait que le MP a été créé par Elmahjoubi Aherdane, moins nombreux sont ceux qui savent que Dr. Khatib, le fondateur du PJD, a aussi fondé le Mouvement Populaire, en 1959. Luttes intestines Quid des portefeuilles ministériels ? « On n'en est pas encore là », répond le cadre du PJD. « Nous avons surtout discuté des principes », ajoute-t-il. À la question : «Cela ne vous dérange pas qu'ils aient auparavant fait parti de l'Alliance pour la démocratie de Mezouar, Boulif répond : « Du moment qu'eux-mêmes déclarent qu'ils ne font plus partie du G8, ils sont alors les bienvenus ». Au sein du parti lui-même, si la décision de participer à la majorité semble faire l'unanimité, il n'en demeure pas moins qu'un courant réformateur au sein du MP continue de s'opposer à la ligne édictée par le secrétaire général Mohand Laenser. À l'image de l'électron libre du parti, Hassan Naomi, qui avait créé, il y a quelques années, la « Commission de redressement et de démocratisation du Mouvement Populaire ». Contacté par Le Soir échos, Naomi pense que « c'est tout à fait normal que le MP rejoint le gouvernement », et d'ajouter : «Nous avons la même souche, nous avons toujours eu de bonnes relations. Et je me souviens, lorsque j'étais député durant la législature 2002-2007, les parlementaires du PJD ont toujours été les plus sérieux ». « Nous avons ce qu'il faut ! » C'est fait ! Le PJD a réussi à réunir sa majorité, mais n'entend pas s'arrêter là. Si le parti de la Lampe a réussi à rassembler les 199 sièges nécessaires pour former sa majorité, Mohammed Najib Boulif ne s'en contente pas. « C'est plutôt 217 sièges que nous visons actuellement », déclare le dirigent PJDiste en faisant allusion à la très probable participation du PPS. « Leur participation est sûre à 90 % », avance-t-il. Si le PPS fait partie des priorités du PJD, les islamo-conservateurs ne semblent pas tout aussi pressés à voir l'UC participer à leurs côtés au gouvernement. Pour Boulif, « le PJD a ce qu'il faut ». Malgré cela, Naomi n'en oublie pas pour autant les différents qui l'opposent aux dirigeants du MP. Il a en effet intenté une action en justice contre les cadres du parti. C'est dire le degré de tension qui règne chez les Harakis. « Nous sommes l'opposition de la direction actuelle. Le mouvement est mal géré. Lors du congrès en 2010, le Conseil national a été nommé et non élu, comme cela devrait être la cas dans tous les partis qui se prétendent démocratiques », lance avec amertume Hassan Naomi. « Ce qui est dommage, c'est que le MP est devenu le clown de la politique marocaine », renchérit le Haraki. « Il n'existe aucune démocratie au sein du parti. Trois ou quatre personnes dirigent à elles seules, alors Laenser fait figure de marionnette », s'alarme-t-il encore une fois. Des refuzniks harakis Le déchirement dans lequel se trouve le parti est d'autant plus important que plus de 2 600 sympathisants avaient signé une pétition demandant le renouvellement et la démocratisation du parti. Le MP a décidé de rejoindre la majorité, mais n'a toujours pas résolu ses problèmes internes. Ce serait naïf de croire que la participation au prochain gouvernement aiderait à apaiser les tensions ente les cadres et la base du parti. Pour Naomi, « la Commission de redressement va continuer à réclamer des changements, malgré la participation du MP au prochain gouvernement ». Réda MOUHSINE