Le Conseil national des droits de l'Homme appelle les autorités publiques à aménager les bureaux de vote de façon à faciliter l'accessibilité des personnes handicapées. Pour eux, le vote est un droit citoyen, mais surtout un exercice physique des plus difficiles. 12% des Marocains souffrent d'un handicap et à quelques jours des élections, le Conseil national des droits de l'Homme tient à attirer l'attention des autorités publiques en les appelant à pendre en compte la dimension de «l'accessibilité universelle» dans l'équipement des bureaux de vote. La loi, c'est la loi Dans sa déclaration, publiée hier, le CNDH justifie son appel par la nécessité pour le Maroc de se conformer aux dispositions de l'article 29 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Les Etats s'engagent, par le biais de ce texte, à garantir à ces personnes de jouir de leurs droits politiques et de la possibilité de les exercer sur la base de l'égalité avec les autres. Que ce soit directement ou par l'intermédiaire de représentants librement choisis, cette catégorie doit donc bénéficier de son droit de voter et d'être élu. Le CNDH fait aussi référence à l'article 34 de la Constitution pour souligner l'importance de cette mesure. Dans ce dernier, les pouvoirs publics ont la responsabilité d'élaborer et de mettre en œuvre des politiques destinées aux personnes et aux catégories à besoins spécifiques en leur assurant l'intégration dans la vie sociale et civile et en leur facilitant l'exercice des droits et des libertés reconnus à tous. Pour le président de l'Association marocaine des déficients moteurs (AMDM), Karim Cherkaoui, le Maroc a accompli un grand pas dans le cadre du respect des accessibilités. « Avant, les malvoyants et les handicapés sans autonomie ne pouvaient voter aux élections. Ce n'est plus le cas et, pour les militants associatifs, c'est une avancée », reconnait-il, expliquant que ces handicapés en particulier ont le droit d'être accompagnés afin d'accomplir leur devoir. Peut mieux faire ! Malgré cette avancée, il semble que des problèmes subsistent encore. « Ces efforts louables se limitent au minimum. Pour un handicapé, les tracas commencent à l'entrée du bureau de vote. Lorsque ce dernier se trouve au 2ème étage d'un établissement scolaire, l'accès devient une grosse difficulté. C'est au rez-de-chaussée qu'il faut placer ces bureaux ! », recommande Karim Cherkaoui. Et d'ajouter qu'il n'est pas non plus aisé de circuler à l'intérieur d'un bureau de vote avec une chaise roulante. « Et pour accomplir le devoir de vote, le handicapé se trouve face à une urne qui dépasse de loin son bras. Les urnes sont placées tellement haut que glisser son bulletin relève du challenge », regrette le président de l'AMDM. L'aménagement des bureaux de vote ne correspond pas toujours aux besoins spécifiques de ces personnes. « Ce qui nous manque aujourd'hui, ce sont deux choses essentielles : l'accessibilité totale à 100% et le transport, car si en ville, le problème ne se pose pas trop, dans le périurbain et le rural, il devient insurmontable », assure ce militant associatif.