Les handicapés au Maroc sont des laissés pour compte. Si cette tranche de population est présente dans les discours, rien ou presque n'est fait pour elle pour lui facilité la vie. Le Maroc a fêté calmement la journée nationale des personnes handicapées. C'était l'occasion pour le secrétariat d'Etat chargé de la Famille de l'Enfance et des Personnes handicapées, de sortir les bilans, vu tout ce qui a été dit et redit au sujet de l'insertion des personnes handicapées. Non, rien de tout cela. « Les seuls efforts consentis ont été au niveau de la sensibilisation. Cela a été fait par la société civile », déclare Amina Slaoui Laraki de l'Amicale marocaine des Handicapés. Selon cette dernière, le secrétariat général n'aurait fait que quelques actions éparses de charité. En effet, quelques centaines d'étudiants handicapés sont pris en charge par le Secrétariat Général, une vingtaine de centres spécialisés ont été créés, une centaine de classes intégrées ont vu le jour dans le secteur public, cinq bibliothèques sonores pour non-voyants ont été réalisées. Ces réalisations sont loin de servir les millions de personnes handicapées au Maroc. Le Maroc n'a pas de statistiques fiables recensant les personnes handicapées. Les statistiques de l'OMS (Organisation mondiale de Santé) avancent un pourcentage de 10%. Ils seraient donc quelques 3 millions de handicapés au Maroc à se morfondre dans la pauvreté et la marginalisation. Selon les estimations, plus de 90% vivent dans les quartiers défavorisés, 82% n'ont jamais été à l'école, 99% vivent sans la moindre allocation. Cette population n'a mérité durant les 30 dernières années que 3 textes de lois. « Les handicapés n'ont pas besoin de charité humaine. Ils ont besoin de leurs droits en tant que citoyens à part entière », explique clairement Mohammed El Khadiri, président de l'Amicale marocaine des Handicapées (AMH). Les revendications des handicapés au Maroc sont, par ordre de priorité, le droit à la rééducation et la réadaptation, le droit à l'éducation et l'insertion dans le monde professionnel. Pour obtenir ce droit, il faut instaurer des lois et les appliquer. La dernière loi concernant « l'Accessibilité » promulguée en 2002 est une loi « vide ». En effet, les handicapés au Maroc n'ont accès à rien ! Cette loi concerne les bâtiments administratifs « à construire». Depuis 2002, les constructions de l'Administration se devaient d'être équipées de telle sorte à faciliter aux handicapées l'accès et la mobilité. « La loi sur l'accessibilité ne précise pas les détails techniques. Si on prend l'exemple des rampes, les inclinaisons sont mal calculées. Il faut des bras de fer pour les remonter », remarque le président de l'AMH. Pas besoin de rappeler que l'accessibilité doit concerner tous les bâtiments et constructions. Dans la normalisation internationale, et à sa tête la française, on parle d'une norme ISO 9527. Selon cette norme, toutes les constructions doivent prendre en compte les handicapés afin de leur permettre l'accès et la mobilité. Certaines compagnies de transport en commun ont des bus équipés pour les handicapés. Les portières du milieu sont munies d'une rampe et les quatre premiers sièges leur sont consacrés. Ces portières ont été verrouillées, quant aux sièges, ils sont rarement occupés en priorité par des handicapés ! En plus de son handicap qui le limite à maintes égards, le handicapé doit faire face à d'autres handicaps. Sans réadaptation, un handicapé ne peut jamais accroître son indépendance. Sans éducation ni formation, il ne pourrait jamais espérer accéder à la vie professionnelle et donc être indépendant financièrement. Ayant même réussi le parcours du combattant, un handicapé diplômé a très peu de chance de trouver un boulot. Bref, selon cette état de fait, un handicapé est tout bon à être enterré vivant dans un petit coin chez sa famille. Ou pire encore, il n'est bon qu'à demander l'aumôme dans la rue. A quand le changement ?