« Tendances Institut » et le think tank paneuropéen Institut Thomas More ont planché sur les élections législatives, à travers l'analyse des sentiments des internautes marocains et l'examen de plus de 500 sources. Les résultats de leurs travaux confirment l'atomisation de l'opinion, bien que les deux instituts estiment que la participation devrait être en hausse, vendredi prochain. Les deux instituts ont dévoilé, en fin de semaine dernière, deux notes reprenant les travaux effectués par leurs experts sur la blogosphère marocaine ainsi que le web social du royaume. Les principaux résultats de ces notes avaient été annoncés, il y a quelques semaines ; mais l'intégralité des travaux (disponibles en ligne sur le site internet www.institut-thomas-more.org) reflètent une situation préélectorale complexe et une opinion publique divisée, face aux grandes thématiques du moment. Si l'amélioration de la gouvernance ou la lutte contre la corruption continuent de se placer en tête des préoccupation des jeunes Marocains, d'autres sujets dominent la Toile, engendrant la « persistance d'un Maroc des attentes », qui s'est cristallisé autour de groupes emblématiques, dont le mouvement du « 20 février ». Au sujet de ce dernier, les experts notent qu'il a contribué à l'émergence d'une jeune « génération de plus en plus politisée », mais « désemparée par l'immuabilité des partis en place ». Sur la question de la participation, l'Etude ne donne pas de chiffres exacts, bien qu'ayant des estimations « assez précises ». Pas d'effet « Annahdha » au Maroc ? Concernant le parallèle-souvent tracé ces dernières semaines- entre le Maroc et la Tunisie, les spécialistes prennent soin de dé-corréler les deux situations. Ainsi, pour le think tank d'inspiration libérale, Institut thomas More : « Alors qu'Ennahda symbolise la fin de l'ordre ancien et la nouvelle Tunisie, le PJD n'est pas une force nouvelle puisqu'il participe, depuis plusieurs années, à la vie politique. » Pour eux, il est très compliqué de comparer la Tunisie et le Maroc, dans la mesure où l'ancrage des islamistes n'est pas le même, et que même si le PJD parvenait à faire une percée spectaculaire, la fragmentation du champ politique constitue une barrière mécanique. De surcroît, note l'étude, intérêt croissant ne veut pas dire pour autant adhésion aux thèses islamistes. A cet égard, l'on peut prendre l'exemple du pic d'activité enregistré sur Internet, lors des déclarations de Abdelilah Benkirane sur l'écriture amazighe, qui a suscité nombre de débats et a passionné les internautes, mais sans pour autant créer d'adhésion au discours du PJD. Un G8 au positionnement qui manque de clarté ? Selon l'enquête d'opinion de Tendances Institut, les internautes souhaiteraient que la coalition pour la démocratie (G8) soit plus transparente sur son positionnement en tant que « rempart contre le PJD ». En effet, pour nombre d'internautes, le manque de clarté, dans son positionnement, nuit au G8 et entrave la lisibilité du champ politique marocain. Un sursaut citoyen pour la participation Sur la question de la participation, l'étude menée par les deux instituts – soucieuse de rester dans le cadre légal fixé par le ministère de l'Intérieur, qui interdit la publication des chiffres des sondages – ne donne pas de chiffres exacts, bien qu'ayant des estimations « assez précises », nous confie l'un des co-auteurs. Les instituts se bornent donc à noter que l'on peut s'attendre « légitimement, à une augmentation de la participation par rapport à 2007 », et que la récente intensification des appels au vote, émanant de la jeunesse, plaide en faveur de cette augmentation substantielle de la participation.