Un think tank européen vient de livrer les principales conclusions d'une enquête sur la sociologie politique marocaine. On y apprend que le PJD est mal perçu par la blogosphère marocaine, et qu'il serait, selon cette dernière, potentiellement dangereux ! A un mois de la tenue des élections législatives anticipées au Maroc, l'Institut Thomas More, think tank européen basé à Paris et Bruxelles, a effectué, en partenariat avec la société « Tendances Institut », une enquête sur la sociologie politique marocaine. Cette enquête vise à mettre au jour les attentes des Marocains sur la recomposition du champ politique du royaume, à l'approche de l'échéance électorale. Cette étude, qualitative, a été majoritairement conduite sur la blogosphère marocaine. De ce fait, avant la présentation de la note d'analyse qui sera publiée dans son intégralité le 14 novembre prochain, le think thank a tenu à communiquer sur les principaux résultats de l'enquête. Les résultats de l'étude pourraient être résumés en trois conclusions. En premier lieu, l'étude révèle que la jeunesse marocaine s'intéresse beaucoup plus à la vie politique que les générations plus âgées, et s'exprime beaucoup sur le sujet. Cet intérêt, même s'il s'est accru à l'occasion du Printemps arabe, ne peut être attribué seulement à ce dernier, le dynamisme de la blogosphère étant beaucoup plus ancien. En deuxième lieu, l'institut s'est penché sur l'importance accrue des inquiétudes sur la question économique et sur la capacité du gouvernement à offrir des perspectives à la jeunesse marocaine. Si les réformes engagées sont souvent saluées, les internautes esti ment qu'il y a encore beaucoup à faire. Opinion fragmentée, mais pas de radicalisation La dernière remarque concerne la forte fragmentation de l'opinion au Maroc. En fait, l'expression des attentes conjuguée au dynamisme de la société en matière politique, conduit à un éclatement de l'intérêt partisan. Il n'y a néanmoins pas de hausse notable de l'intérêt pour les thématiques radicales. Contrairement à d'autres sociétés civiles du Maghreb, la société marocaine semble tenir aux avancées politiques dont elle a bénéficié, notamment en matière de libertés individuelles. Un accent particulier a été toutefois soulevé par les rédacteurs de l'étude concernant le parti PJD. « Il est souvent perçu comme archaïque et peu en phase avec une société qui se définit elle-même comme moderne », note-t-on dans l'étude. Pour ajouter, « pour nombre de jeunes intervenants de la blogosphère marocaine, il est souvent jugé comme potentiellement dangereux, l'hypothèse d'une victoire étant alors analysée comme un recul du Maroc en matière politique ». Cependant, le think thank avance que les élections connaîtront une configuration comparable à celle de 2007 où, contredisant certains sondages qui le donnaient largement gagnant, le PJD n'avait obtenu que 46 sièges sur 325 au Parlement.