Le dispositif des contrats spéciaux de formation est à la croisée des chemins. L'OFPPT plaide non coupable et le patronat cherche à s'emparer de la gestion de ce lourd dossier. L'heure de vérité a sonné. Après avoir fait l'objet d'une multitude de tirs à boulets rouges, au sujet d'une question qui a et qui continue de hérisser le poil du patronat, à savoir les contrats spéciaux de formation (CSF), Larbi Bencheikh, directeur général de l' Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT), sort ses griffes pour, semble-t-il, se défendre. Chiffres à l'appui, Bencheikh annonce la découverte de détournements d'une valeur de plus de 70 millions de DH, dont 99 % opérés entre 1996 et 2001. Pis, nombre de tares collent encore à ce dispositif des CSF : absence de système de contrôle, défaut de qualité des plans de formation, dilution des responsabilités… Le décor est planté ! Intervenant lundi au siège de la confédération patronale, à l'occasion de la tenue de la session du Conseil national de l'entreprise (CNE) de la CGEM, ce dernier n'a pas hésité à émettre un rappel à l'ordre : l'OFPPT n'assume pas seul les dysfonctionnements que vit le dispositif des CSF. Le doute étant permis, l'on peut comprendre le retard pris au niveau du remboursement des entreprises, voire l'absence catégorique de tels remboursements. Et là se pose la question de la culture de la confiance dont n'a cessé de parler et à maintes reprises Mohamed Horani, patron des patrons. Si du côté du patronat, l'année 2008, par exemple, n'a vu que le remboursement de la somme de 15 millions de DH sur un budget global de 350 millions de DH, censé être alloué aux CSF, du côté des officiels et au vu des failles sus-citées, le message est on ne peut plus clair : maintenir le statu quo jusqu'à nouvel ordre. Entre temps, le scénario de voir se refiler la patate chaude continue sur sa lancée entre le patronat et l'OFPPT. Plus de 70 millions de DH de détournements, dont 99 % opérés entre 1996 et 2001, ont été constatés par l'OFPPT. Bencheikh insiste sur le fait que l'Office n'assure que le secrétariat du comité central des CSF dont le conseil d'administration compte, entre autres, sept membres de la CGEM, qui élaborent et éprouvent le manuel des procédures. Il n'a pas manqué de rappeler que lui aussi plaide pour une externalisation de l'activité de gestion des CSF. Bien qu'il n'ait avancé aucune précision sur les modalités et les préalables qui entourent cette externalisation. Exclusion graduelle Sur ce point précis, les attentes de la CGEM sont directes : prendre en charge la gestion des CSF et, plus encore, utiliser la taxe à la formation professionnelle (TFP) à 100% par les employeurs. Ce qui laisse entendre l'exclusion graduelle mais aussi partielle de l'OFPPT de la gestion de ce lourd dossier. Les attentes du patronat sont apparemment logiques pour la simple raison que ce dernier représente une des sources les plus pesantes dans le financement de l'Office via la TFP. Le décret relatif à cette taxe prévoit le remboursement à hauteur de 30% des recettes de la TFP des employeurs assujettis, s'engageant dans des programmes de formation continue. À en croire les statistiques présentées par Bencheikh, la part de la TFP s'élève à 42 % en 2011. Le reste émane des subventions à raison de 24 % et la participation de l'Office lui-même à hauteur de 35 %. À noter enfin que le budget de l'Office s'élève à 2,4 milliards de dirhams au titre de l'année en cours, dont 14 % affectés aux CSF.