Attention, les « hombre lumière », purs « carancho » de la « pellicula » et qui ont définitivement imposé leurs griffes sur la scène du septième art international, au-delà des frontières de Tijuana, débarquent au 11e Festival international du film de Marrakech (FIFM), où le cinéma mexicain est à l'honneur du 2 au 10 décembre. Ces « spice men », cinéastes vedettes et spécimens rares, jeunes, talentueux, beaux, parvenus à signer les plus grands films de la décennie 2000, Los Bastardos, Amours chiennes, Y tu mama también, en s'appropriant leur identité par le langage de l'image ne sont autres que… Guillermo Del Toro, Alfonso Cuarón, Alejandro González Iñárritu, Carlos Reygadas, Gael García Bernal, Diego Luna, Amat Escalante, Rodrigo Pla, Michael Rowe, Fernando Eimbcke, Francisco Vargas, Rigoberto Perezcano. Pereszcano, dont le nom est encore méconnu, incarne déjà la jeune école du cinéma mexicain : son premier long-métrage Norteado (Northless), a été couronné par l'Etoile d'or du 9e FIFM. Le cinéaste avait reçu cette récompense des mains « de son maître », Abbas Kiarostami, alors président de cette neuvième édition : « Je suis ivre et ivre de joie », avait alors déclaré le jeune cinéaste, sous le coup de l'émotion. Originaire d'Oaxacan, petite ville située au sud du Mexique, où il a grandit avec ses trois sœurs et son père, mécanicien, Rigoberto Perezcano se destinait, au départ, à une carrière d'avocat. Le reflet de la société Norteado, à fleur de fiction et de réalité, embarquait le spectateur dans la traversée et les souvenirs d'Andres, jeune fermier qui quitte sa terre natale, Oaxacan, avec l'espoir de passer la frontière afin de rejoindre les Etats-Unis. Rétention de dialogue, richesse du langage visuel, esthétique hors pair au travers d'une lumière bleue, tel un personnage qui jalonne l'exil du jeune homme. On marchait dans le bel ouvrage oscillant entre humour et ironie pour dire les envies d'ailleurs d'Andres, qui pourrait vivre sous le ciel d'Alger, de Casablanca, de Ouagadougou, de Brazzaville et avoir les yeux rivés vers le Vieux continent. Si le cinéma mexicain vit une active efflorescence, à coups de films d'auteurs traitant de thèmes sociétaux, qui suscitent l'engouement et l'intérêt de publics internationaux, ses réalisateurs sont plus que des faiseurs d'histoires, ce sont des faiseurs d'acteurs. Alfonso Cuarón, tourne en 2001 Y tu mama también, qui lancent deux comédiens mexicains inclassables : Gael García Bernal et Diego Luna. Pereszcano, dont le nom est encore méconnu, incarne déjà la jeune école du cinéma mexicain : son premier long-métrage Norteado (Northless), a été couronné par l'Etoile d'or du 9e FIFM. Le premier, incarnera un Che Guevara inoubliable dans Carnets de voyage, de Walter Salles. En digne comédien engagé, Bernal ne craint pas l'excommunication en jouant un prêtre amoureux d'une fille de 16 ans dans le Crime du père Amaro (2002), plus gros succès de tous les temps au Mexique. « L'Eglise, si elle est pourrie, il faut le dire », déclare Gael Garcia Bernal, devenu depuis, producteur et réalisateur. Le second, Diego Luna, également comédien et réalisateur, a signé cette année le très remarqué Abel. L'opus met en scène, à travers le regard d'un enfant, l'histoire d'Abel (Christopher Ruiz- Esperanza), petit garçon, solitaire et introverti, qui décide un jour de devenir le chef de famille. Devant ce miracle, nul ne proteste. Jusqu'au jour où un homme sonne à la porte : son père. Mondialisation Autre chef de file du nouveau cinéma mexicain, Amat Escalante. Depuis le succès retentissant de Sangre, (2005), qui évoquait l'ennui existentiel d'un couple, Los Bastardos (2009) retrace le parcours de deux frères, travailleurs mexicains clandestins qui deviennent meurtriers malgré eux. Escalante montre l'enjeu de la mondialisation des deux côtés de la frontières : l'Américain et le Mexicain portent la même marque de baskets mais n'ont pas les mêmes droits. Ayhan Ergürsel, fidèle à Nuri Bilge Ceylan (Once upon a time in Anatolia) s'est chargé du montage. Un mélange stupéfiant…