A quelques jours des élections, pratiquement toutes les formations politiques ont enregistré de nouvelles recrues… venues d'autres partis. La crédibilité de leur engagement à lutter contre la transhumance politique en prend un sérieux coup. Avant le date butoir de dépôts des candidatures, le 11 novembre à midi, la transhumance refait encore parler d'elle. Fini les discours réprobateurs et bienvenue dans la réalité. Et celle-ci est faite d'une montée en flèche du nombre d'hommes politiques qui ont décidé de retourner leur veste. Des estimations dignes de foi soutiennent qu'environ 620 candidats auraient changé de maillot durant ces derniers jours. A défaut de bénéficier d'une accréditation par leurs formations initiales, ils la cherchent tout simplement ailleurs. La quête est souvent fructueuse. Et ne représente guère de difficultés pour les intéressés. Nombreuses sont, en effet, les enseignes politiques à la recherche de profiles leur assurant des sièges à la Chambre des représentants. Quid de l'interdiction ? Pratiquement toutes les formations ont enregistré les arrivées de nouvelles recrues, même ceux qui se prononçaient contre la transhumance. Et pourtant, la Constitution du 1er juillet était censée mettre un terme à ce phénomène, en lui consacrant l'article 61, lequel stipule que «tout membre de l'une des deux Chambres qui renonce à son appartenance politique au nom de laquelle il s'est porté candidat aux élections ou le groupe ou groupement parlementaire auquel il appartient, est déchu de son mandat. La Cour constitutionnelle, saisie par le président de la Chambre concernée, déclare la vacance du siège et ce, conformément aux dispositions du règlement intérieur de la Chambre concernée, qui fixe également les délais et la procédure de saisine de la Cour constitutionnelle». Des estimations dignes de foi soutiennent qu'environ 620 candidats auraient changé de partis durant ces derniers jours. Lors de la discussions de la loi organique du Parlement entre le ministère de l'Intérieur et les partis, certaines formations - c'est le cas de l'USFP et du PGVM - pour en finir avec le nomadisme politique, ont préconisé l'adoption de davantage de mesures, en exigeant des transhumants une présence d'au moins 12 mois au sein de leurs nouveaux partis avant de prétendre figurer sur ses listes électorales. A défaut d'un soutien ferme de l'ensemble des structures partisanes, ces propositions ont été rejetées. En tête des partis qui ont enregistré le plus de défections, le PAM s'illustre avec 120 départs. Une hémorragie voulue D'aucuns avancent que cette hémorragie est voulue par la direction du Tracteur. Le PAM évite de répéter le même score qu'aux communales du 12 juin 2009. Un scrutin qui a vu les amis de Fouad Ali El Himma arriver premiers avec 4 754 élus. Un succès que les PAMistes n'entendent pas rééditer le 25 novembre. Pour ce faire, ils misent sur la jeunesse. Une tactique pour mieux préparer les législatives de 2017, le temps que la formation peaufine son identité politique, consolide ses alliances et, par la même occasion, renforce ses alliés, notamment le PT et les Verts. Un pari sur l'avenir dont, certainement, le prochain congrès est appelé à façonner et à clarifier les contours. Des verrous juridiques qui sautent Visiblement, l'article 61 de la nouvelle loi fondamentale peine à stopper la poussée de la transhumance. De précédentes tentatives se sont révélées vaines face à l'ampleur de ce phénomène, à l'image de l'ancien code des partis, voté fin 2005. Fruit d'un consensus entre les formations (majorité et opposition), cette loi a vite montré ses limites. L'article 5, véritable pièce maîtresse de cet arsenal juridique, érigé en rempart contre le nomadisme, n'a pu arrêter le nomadisme politique. Les assauts ont repris de plus belle. L'avènement du PAM sur l'échiquier politique en 2008 a marqué l'âge d'or de la transhumance. Sous l'effet de Fouad Ali El Himma, et notamment sa proximité avec le roi, il a réussi à battre tous les records de la scène parlementaire : de trois députés au lendemain des législatives de septembre 2007, il a réussi à monter, en deux mois, un groupe de plus de 36 sièges. Une «prouesse» qui restera dans les annales de la vie parlementaire, tant au Maroc qu'ailleurs.