Il n'y a pas un week-end qui passe sans que les jeunes du M20F ne manifestent. Dimanche encore, plusieurs milliers de personnes ont arpenté les artères des principales villes du Royaume. «Boycottez les élections législatives !», c'est le nouveau cri de guerre des jeunes du mouvement du 20 Février. À Casablanca, Tanger ou à Safi, des milliers de contestataires ont encore une fois défié le gouvernement en rejetant en bloc, le processus électoral. Dans la capitale économique, ils étaient quelques centaines à voir leur marche perturbée par l'intrusion de contre-manifestants, appelés baltajias. Les manifestants, rassemblés dimanche dans le quartier populaire de Sidi Bernoussi, ont entre autres appelé à la libération des prisonniers politiques, mais aussi à faire toute la lumière sur le décès du diplômé chômeur Mohammed Boudaroua. La mort tragique de ce dernier a, d'ailleurs, attisé la colère des centaines de personnes qui ont manifesté à Safi, lieu du décès du jeune contestataire, mais aussi de celui de Kamal Ammari, un autre manifestant décédé lui aussi dans des conditions mystérieuses. À Tanger, cité où le mouvement du 20 Février jouit d'une popularité notoire, des milliers de manifestants, des jeunes pour la plupart, ont défilé sous une importante escorte policière. La rue et rien que la rue Les manifestants tangérois ont clôturé leur marche par un appel au boycott des prochaines législatives, taxées d'avance de « truquées » puisqu'elles sont l'émanation de «la Constitution octroyée », jugent les manifestants. Un communiqué publié par la section tangéroise du M20F appelle d'ailleurs à la poursuite des manifestations «pour une vie digne », ainsi que pour «la baisse des prix des produits alimentaires, du logement, et de tout ce qui concerne ce peuple qui n'en peut plus», poursuit le communiqué. À un peu plus d'un mois du scrutin décisif, le M20F persiste dans sa logique contestataire, la rue demeure pour les jeunes le principal espace de militantisme. Les partis quant à eux, continuent d'ignorer ces manifestations hebdomadaires. Un dialogue entre eux et le M20F serait bien souhaitable pour rétablir la confiance. La crédibilité du processus électoral étant en jeu. La police en alerte On notera la neutralité positive observée par les forces de l'ordre. Bien que fortement présente, la police a préféré orienter les manifestants, leur interdisant tel ou tel passage que de réprimer le mouvement. Sauf, peut-être, à Rabat où les locaux de l'association altermondialiste Attac ont été assiégés par les forces de police, samedi au quartier populaire Akkari. Objectif des autorités : empêcher des jeunes d'aller manifester devant le Parlement, où était organisée une manifestation entrant dans le cadre de la « participation » marocaine au Mouvement mondial contre le capitalisme. Certains manifestants ont même été arrêtés, avant d'être vite relâchés.