Prince incontesté du septième art des Balkans, électron libre qui gravite d'une scène artistique à l'autre, entre cinéma où il est à la fois réalisateur, comédien, et musicien du groupe No Orchestra, Emir Kusturica sera le président du jury longs-métrages du Festival de Marrakech (FIFM) 2011 après avoir présidé le jury de la section « Un certain regard » lors du 64e Festival de Cannes. Rares sont les cinéastes à avoir obtenu deux Palmes d'or au Festival de Cannes, la première ayant récompensé, en 1985, Papa est voyage d'affaires, puis Underground une décennie plus tard, en 1995, il est le seul à avoir accompli l'impossible avec seulement six films au compteur. On se souvient de cette scène surréaliste dans Arizona Dream (1993), où le comédien Johnny Depp pourfend les airs avec son étrange oiseau de fer… Au rythme de la voix éraillée, métallique d'Iggy Pop sur des sons puissants d'Europe de l'Est. Suivent Le Temps des gitans (1988), Chat noir, chat blanc (1998), La Vie est un miracle (2004), Promets-moi (2007), Maradona (2008). Kusturica a, de plus, définitivement imposé sa patte filmique en créant un univers inclassable qui explore la culture tsigane, profondément marqué par la poésie, la musique, l'onirisme, des personnages issus d'un monde carnavalesque, épris de liberté, et affranchis sde toute forme de code. Imprégné par l'âme slave, guidé par l'appropriation de l'identité, chère aux cinéastes des pays de l'ex-Yougoslavie, il est le chef de file d'un cinéma riche, après une décennie noire profondément troublée par des conflits armés. Un cinéma qui renaît de ses cendres et se décline aujourd'hui en cinéma serbe, croate, bosniaque, macédonien, monténégrin et slovène. Welcome Mister President !