La répression ne faiblit pas en Syrie. Le président Bashar Al-Assad semble déterminé à en finir avec la vague de contestations de son régime à tout prix. Plus de six mois déjà et Bashar Al-Assad continue de réprimer son peuple sans le moindre répit. Tout porte à croire que les nombreuses injonctions de la communauté internationale n'ont servi qu'à l'encourager dans sa barbarie. Au moins onze personnes ont été tuées vendredi par les forces de l'ordre fidèles au régime dans la ville de Hama, située au nord du pays. À Rastane, au sud de la Syrie, pas moins de 250 chars sont entrés dans la ville selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cette même source a indiqué que cinq civils et six militaires et agents de sécurité ont été tués le 30 septembre dans le village de Kafar Zita, dans le gouvernorat de Hama, dans des affrontements ayant opposé des soldats et des agents de sécurité d'un côté, et des déserteurs de l'autre. Samedi et dimanche, les combats ont été d'une violence extrême entre les soldats déserteurs et l'armée dans la ville de Rastane. De nombreux tirs à l'arme lourde ont été enregistrés. Certains ont même évoqué des avions de chasse qui auraient été utilisés par les forces du régime de Bashar Al-Assad. Dimanche soir, l'armée a affirmé avoir pris le contrôle de la ville. «L'armée syrienne contrôle entièrement Rastane et 50 chars ont quitté la ville. De nombreuses maisons y ont été détruites et la situation humanitaire est très alarmante. Nous avons des informations qui font état de plusieurs dizaines de civils tués puis enterrés dans les jardins de maisons pendant les quatre jours de pilonnage de ville par l'armée», a déclaré dimanche soir l'OSDH. Cependant, malgré la répression les mouvements de contestation ne faiblissent pas. La protestation a gagné les universités et certaines écoles. Dans certaines villes, plusieurs établissements scolaires ont boycotté la rentrée des classes et des manifestations d'écoliers, encadrés par des adultes, ont eu lieu ces derniers jours. En outre, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme a annoncé l'arrestation samedi à Homs de l'opposant Mansour Atassi. Face à la dégradation de la situation, l'opposition tente d'unifier sa voix. Les opposants à Bashar Al-Assad se sont, en effet, réunis dimanche à Istanbul (Turquie) où ils ont mis en place le Conseil national syrien (CNS) au sein duquel sont représentées toutes les tendances de la dissidence. «Le Conseil national syrien est le cadre qui réunit les forces de l'opposition et de la révolution pacifique», a déclaré l'opposant Burhan Ghalioune. Selon ses fondateurs, le Conseil national syrien doit œuvrer pour mobiliser toutes les catégories du peuple syrien et apporter le soutien nécessaire à la marche de la révolution et la réalisation des espoirs et attentes du peuple pour le renversement du régime et de ses symboles. «On est pour que les manifestations restent pacifiques. Le Conseil rejette toute ingérence extérieure qui porte atteinte à la souveraineté du peuple syrien», a ajouté Burhan Ghalioune. Cet organe qui devra désormais coordonner la stratégie de l'opposition face à la répression du pouvoir en place à Damas est composé d'une assemblée générale de 220 délégués, d'un secrétariat général de 29 membres et d'un comité exécutif de 6 coprésidents. Un scénario qui n'est pas sans rappeler celui de la Libye il y a quelques mois. «Le Conseil national syrien est notre représentant unique et légitime», scandaient des manifestants rassemblés dans plusieurs villes de la Syrie dimanche soir en guise de soutien au CNS. «Nous sommes toujours pour une révolution pacifique. Quels que soient les débordements ici ou là», ont insisté les tenants du Conseil national syrien. Les Frères musulmans qui font aussi partie du conseil ont tenu rassurer l'opinion sur leurs intentions. Ainsi, l'ancien chef du mouvement, Ali Sadreddine Al-Bayanoun, a assuré dimanche soir que sa confrérie aspire à l'instauration d'un Etat démocratique et non islamique en Syrie. «Nous ne voulons pas imposer nos points de vue à l'opposition ni au peuple syrien. Nous sommes pour l'édification d'un Etat civil démocratique et moderne en cas de chute du régime», a-t-il développé. Par ailleurs, la Syrie continue de diviser l'ONU. La Russie, principal soutien de Damas, menace toujours d'opposer son veto à toute action émanant du Conseil de sécurité. Pour rappel, la répression a déjà fait au moins 2 700 morts selon le bilan des Nations Unies.