La chute du régime de Hosni Moubarak semble avoir sonné le glas de la « bonne entente » qui a, pendant longtemps, existé entre l'Egypte et Israël. Depuis la chute du régime de Hosni Moubarack en février dernier, les relations bilatérales entre l'Egypte et Israël sont dans le rouge. La révolution égyptienne semble avoir raison de la «bonne entente» qui existait entre l'Etat juif et son allié dans le monde arabe. Même si le Conseil suprême de l'armée, qui dirige le pays actuellement, a laissé entendre qu'il est disposé à respecter le traité de paix signé avec Israël, il n'en demeure pas moins que la nouvelle situation a instauré un climat négatif entre les deux Etats. Le blocus de Gaza a été allégé par le Caire ouvrant partiellement le passage de Rafah. Israël a accusé l'Egypte de ne pas suffisamment sécuriser sa frontière avec Gaza, et de laisser passer des armes et des munitions destinées au Hamas. La situation s'est encore dégradée lorsque cinq policiers égyptiens ont été tués, le 18 août, par des tirs de l'armée israélienne qui était à la poursuite des auteurs présumés d'une triple attaque près d'Eilat, à la frontière avec l'Egypte. Les égyptiens ont demandé des excuses officielles, mais Israël a seulement exprimé des regrets. De même, les nombreux sabotages, depuis la chute du régime de Hosni Moubarak, du gazoduc livrant du gaz égyptien à l'Etat juif sont éloquents. Dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 septembre, des hommes armés s'en sont, de nouveau, pris au même gazoduc. C'est la sixième attaque depuis le mois de février. Aussi, les nouvelles autorités égyptiennes ont-elles décidé de revoir tous les accords gaziers et d'ouvrir des enquêtes sur des contrats de vente de gaz à Israël, signés avant la chute du président Hosni Moubarak. Pour rappel, l'Egypte fournit 43% du gaz naturel consommé en Israël, où 40% de l'électricité est produite à partir de cette source d'énergie. «La paix est dans l'intérêt des deux pays. Nous allons œuvrer à calmer le jeu». Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien. Plus récemment encore, ce sont les manifestants de la place Tahrir qui ont saccagé les locaux de l'ambassade israélienne en Egypte. En effet, à la fin d'une manifestation baptisée «la rectification du tir» et destinée à mettre la pression sur le Conseil suprême de l'armée en vue d'accélérer le processus de la démocratisation, près de mille personnes se sont dirigées vers les locaux de la représentation diplomatique d'Israël au Caire. Des actes de vandalisme et de destruction s'en sont suivis, au point où Tel Aviv avait décidé de rapatrier son ambassadeur. La situation devient donc de plus en plus compliquée entre Israël et son voisin. Cependant, le gouvernement de Benjamin Netanyahou s'est dit prêt à faire des efforts pour un retour à la normale. «Il y a un intérêt aussi bien du côté israélien qu'égyptien à ramener les relations entre les deux pays à la normale. Nous ferons tout pour cela, même si ce n'est pas simple», a déclaré un ministre israélien au lendemain de l'attaque de l'ambassade. «La paix est dans l'intérêt des deux pays. Nous allons œuvrer à calmer le jeu», a assuré le Premier ministre israélien. Mais le statu quo imposé par l'Etat juif dans les négociations de paix avec la Palestine en est aussi pour quelque chose. L'entêtement d'Israël à faire ce qu'il veut, sous couvert du soutien inconditionnel des Etats-Unis, horripile plus d'un dans la région. «Israël est devenu un enfant gâté», a déclaré le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan au lendemain de la rupture des relations entre Israël et la Turquie, il y a quelques jours. Le gouvernement israélien, qui ne veut pas renoncer à sa politique de colonisation des territoires palestiniens, se voit donc lâché par son allié égyptien. Toutefois, même si les nouvelles autorités envisagent de tirer les oreilles à l'Etat juif, elles n'auront pas toute la marge de manœuvre requise. En effet Washington donne des milliards de dollars chaque année au Caire pour garantir la paix de son allié israélien.