Depuis les années 1980, les Marocains de l'étranger jouent un rôle accru dans le développement de leur pays d'origine. Au-delà des transferts financiers, les migrants contribuent au développement socio-culturel du royaume à travers de nombreuses associations et plateformes. Plus de cent ONG se sont réunies ce week-end à Saïdia pour évoquer les liens entre migration et développement. Une thématique qui invite à une « nouvelle vision de la diaspora », comme le souligne Mohamed Mbarki, directeur général de l'Agence de l'Oriental. En mettant en avant le rôle des Marocains de l'étranger comme acteurs du développement, la conférence organisée par le CCME et la région de l'Oriental invite à revisiter les questions migratoires sous un angle plus positif et citoyen.Plus souvent évoquée sous le volet sécuritaire, l'immigration constitue pourtant une contribution non négligeable au développement des pays d'origine. « Le développement ne peut se faire sans la contribution des Marocains de l'étranger », affirme Mohamed Bernoussi, du ministère des MRE. Cette problématique de l'immigration et du développement ne tombe pas à un moment ni en un lieu anodins. « La nouvelle Constitution donne une place importante à l'immigration marocaine, avec 4 articles qui contribuent à reconnaître les droits des Marocains à l'étranger avec la reconnaissance de la double citoyenneté consiste à droit de vote. Le plus important est de leur permettre de participer au développement durable du Maroc », estime Abdellah Boussouf, SG du CCME. Et s'il est une population à même d'évoquer le rôle des migrants dans le développement, c'est bien celle de l'Oriental. « Cette région est une région pilote, car il s'agit de la première région d'immigration marocaine, principalement vers Europe », rappelle Mbarki. Longtemps vue par la « techno-structure de Rabat » comme une région « cul-de-sac », la région de l'Oriental a largement bénéficié de la contribution de la diaspora, souligne-t-il. En effet, l'urbanisation croissante et le boom immobilier de la région puisent en partie leurs ressources dans les fonds de la diaspora. Modalité la plus connue, les transferts financiers représentent un montant de 54 milliards de dirhams, soit 10% du PIB. « Ce chiffre est équivalent à la recette du tourisme. C'est loin d'être négligeable », constate Abdellah Boussouf du CCME. Et comme le remarque aussi Hassan Boussetta, professeur et sénateur belge, « le boom des transferts d'épargne est actuellement supérieur à l'aide publique des pays consacrée au développement ». Toutefois, à l'heure où la crise économique gangrène l'Europe, le budget attribué au développement risque de subir de plein fouet les coupes dues aux politiques d'austérité. Les transferts financiers représentent un montant de 54 milliards de dirhams, soit 10% du PIB. Au-delà de ces transferts, de nouvelles modalités de contribution au développement local sont apparues depuis deux décennies. Ainsi, des migrants marocains de même village ou de même région ont-ils pris l'initiative de se regrouper dans leur terre d'accueil pour développer des projets de développement durable. Tel est le cas de la plate-forme CODENAF en Espagne, ou encore l'IDD, un réseau regroupant des associations issues de l'immigration marocaine en France. « Les migrants ont épousé une fonction qui n'était pas la leur à l'origine » relève Mohamed Charef. Et pourtant, s'ils n'y étaient pas destinés, leur légitimité n'est plus à prouver, tant ils disposent d'un réseau, d'une expertise et d'une capacité de mobilisation forte. « De plus, les projets sont à taille humaine et ces acteurs sont à l'écoute des populations locales », remarque Charef, avant d'ajouter qu'à l'inverse, les institutions publiques restent bien plus lointaines et ignorantes des réelles attentes des populations.