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Le rap arabe réveillé par le printemps
Publié dans Le Soir Echos le 30 - 08 - 2011

Le rap arabe ne se cache plus dans les bas-fonds de la terreur. Du Maghreb au Levant, les rappeurs-slameurs s'activent et sortent de l'ombre. Décryptage d'une musique rebelle jadis marginalisée.
Les rappeurs-slameurs ne sont plus retranchés dans les sous-sols puants des villes assiégées, acculés aux séances d'enregistrements nocturnes ou discrédités par des moyens de production défaillants et d'infrastructures chancelantes. Privé jusque-là de visibilité et de diffusion radiophonique, occulté par les managers et les agents, et victime d'un marché promotionnel balbutiant et d'une quasi-absence de labels, le hip hop arabe était étouffé dans l'œuf. Aujourd'hui, les justiciers-poètes, jadis muselés, se rebellent, boostés par les blogueurs et les cyber activistes du Printemps arabe. Finis les paroles voilées et les silences forcés, l'heure est à l'ironie acerbe et à la dénonciation.
Au Maghreb et au regard d'un Maroc prolifique en scène rap, l'émergence du hip hop tunisien relève du miracle, ou du mérite miraculeux. Le ras-le-bol avait commencé avec Hamada Ben Amor, alias El General. Fin décembre 2011, ce jeune de 22 ans avait mis en ligne un titre intitulé Raïs Lebled (Le chef du pays), fustigeant le système et interpellant violemment le président Zine El Abidine Ben Ali. La chanson, devenue l'hymne de la jeunesse contestataire, s'est muée en une traînée de poudre virale de Casablanca jusqu'en Syrie. Sombres, les paroles sont néanmoins libres et libératrices : « Nous vivons dans la souffrance, comme des chiens, nous mangeons dans les poubelles, les soucis sont partout… » En représailles, El General fut emprisonné pendant 3 jours, son Myspace fermé et son portable coupé, et fut libéré quelques jours avant la chute de Ben Ali. Sa chanson agit comme un avant-goût de l'impact fulgurant du rap. Un prélude à un nouvel art de résistance.
En Egypte et sur la place Tahrir, le hip hop tourne vite au langage subversif. Arabian knights alias A-Rush ou Karim El Eissa dégaine son titre Rebel, incrusté de paroles âpres, puis l'imperturbable Prisoner en darija egyptienne chanté avec Shadia Mansour, la chanteuse hip hop d'origine palestinienne, figure clé de la diaspora des musiciens arabes. Depuis ses débuts, la chanteuse-militante glane des chansons à portée révolutionnaire et s'impose comme jeune ambassadrice des revendications arabes. Mc Amin et Deeb sont deux autres poids lourds de la scène hip hop égyptienne. Actif et activiste, Deeb avait fait partie du show « Hiphopna » de l'ex-MTV Arabia. Dans ses deux nouveaux singles Biladi et Masrah Dib, il ne mâche pas ses mots, s'attaquant sans ciller aux dirigeants et aux militaires.
En Libye, Youssef Al-Briki et Islam Winees, connus par Yusuf et Islam, du groupe Revolution Beat créé en 2007, lancent le hit 17 February (17 février) en référence au jour où les protestataires ont investi les rues et affronté les forces de l'ordre. Ces deux résistants enregistraient leurs morceaux à la tombée de la nuit, dans les bas-fonds de Benghazi, avant de s'installer, après le 19 février, au tribunal de la ville puis au QG du Conseil national de transition, aidés par les membres de la résistance. Au cœur de l'action! Faraway et Madani, un autre duo de choc à l'origine du groupe Music Masters, scande sans arrêt des diatribes anti-Kaddafi, muni de ses mixeurs et microphones.
Autre binôme rappeur : le compositeur libyen Imad Abbar et son jeune rappeur Hamza Sissi dont les chansons continuent à charger en décibels les voitures des rebelles. Il faut dire que depuis le début de l'ébullition rap en Libye, une douzaine de chansons ont été mises sur CD et sont en vente dans le centre-ville de Benghazi. Une première dans un pays tyrannisé depuis 42 ans.
Pour sortir de l'obscurantisme, les rappeurs de la diaspora arabe n'ont pas hésité, eux aussi, à retrousser leurs manches, multipliant les initiatives de soutien et de solidarité envers la rébellion arabe. Omar Offendum le rappeur syro-américain, the Narcicyst l'Irako-Canadien actif dans le milieu hip hop pan-arabe, le slameur Amir Suleyman et le rappeur afro-américain Freeway, ont récemment uni leurs talents. Résultat :« #Jan25 », un puissant morceau collectif à la gloire de l'héroïsme arabe.
Du temps de la pré-évolution, la majorité des rappeurs étaient privés de concerts et de la promotion de leurs CD, et contraints de se retrancher dans des modes d'enregistrement primaires. La majorité des morceaux commercialisés gravitaient autour de quelques thèmes dont la cause palestinienne ou les stéréotypes de terroristes collés aux Arabes dont la chanson Meen Arhabi (Qui est terroriste?) du groupe palestinien Rap DAM. Faisant fi des failles de production et d'infrastructures, le hip hop arabe a su puiser dans le bourbier socio-politique arabe pour créer une culture émergente. La genèse d'une scène hip hop probante et corrosive est indéniable, notamment la reconnaissance internationale qu'elle récolte. Longue vie aux salves lyriques.
pourquoi ne pas avoir parlé de rappeur algeriens dans votre article c' est bizarre vu que l' algerie fourni quand meme un contingent de rappeur arabe important ?


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