Les patients souffrants de polyarthrite rhumatoïde, traités au Methotrexate injectable, ne savent plus à quel saint se vouer. Le médicament est suspendu du marché et aucune alternative thérapeutique ne s'avère aujourd'hui aussi efficace. Les ruptures de stock des médicaments sont devenues monnaie courante. La situation devient toutefois plus inquiétante quand il s'agit d'un médicament indispensable comme le methotrexate injectable. Depuis plusieurs mois, cette solution injectable utilisée dans le traitement de certains cancers et des maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde est introuvable dans nos pharmacies d'officine : «J'ai fait le tour des pharmacies à Casablanca en vain. Le pharmacien nous répond que le médicament est en rupture de stock sans autres explications. Même mon médecin traitant ne sait rien. Il me le prescrit alors qu'il n'est pas disponible dans les officines. Il faut que le laboratoire fabriquant informe les médecins», s'indigne une patiente. Certes, il existe des alternatives thérapeutiques à ce médicament, mais elles ne sont pas aussi efficaces que le Methotrexate, explique Elouarda Benyahya, médecin spécialiste en rhumatologie : «Pour remplacer le Methotrexate injectable, nous prescrivons des comprimés ou recommandons à nos patients la biothérapie. Celle-ci est très coûteuse et présente, une forte probabilité d'échec thérapeutique. Dans certains cas, le Methotrexate est associé à la biothérapie pour obtenir des résultats plus probants. C'est dire que ce médicament est indispensable», poursuit cette professionnelle de la santé. Quelles sont les raisons de cette rupture ? En avril dernier, le laboratoire Maphar, filiale du Groupe Sanofi-aventis, qui commercialise cette spécialité au Maroc, procédait à un rappel de tous les lots de methotrexate injectable (5mg /2ml, et 25mg /ml). Il n'est pas le seul laboratoire à prendre cette mesure. La décision a été prise en premier lieu par les laboratoires Sandoz, fabricants du méthotrexate aux Etats-Unis, selon le site Internet de la société marocaine de rhumatologie. Les laboratoires américains ont même suspendu la fabrication de ce médicament. La raison avancée est «la découverte de micro cristaux de verre dans le soluté du produit». L'explication supposée est «une réaction du principe actif avec le verre du flacon». Par mesure de précaution, poursuit la société marocaine de rhumatologie, les laboratoires Sanofi-aventis fabricants du methotrexate injectable en Europe procèdent au même contrôle. Résultat : rappel des lots de méthotrexate, même si le risque supposé n'est que théorique. La filiale marocaine décide ainsi d'appli quer la décision de la maison-mère puisque le méthotrexate commercialisé au Maroc n'est pas fabriqué au niveau national, mais importé. Sauf qu'il faut trouver des alternatives thérapeutiques. Ainsi, au mois de juin, le laboratoire Maphar a mis sur le marché national la spécialité ledertrexate, à base de methotrexate. Les patients, ne sachant plus à quel saint se vouer, sont plutôt soulagés. Mais, leur joie ne dure pas longtemps. Depuis le 1er août, le ledertrexate est également introuvable dans les officines. Contacté par Le Soir échos, le laboratoire Maphar avance que «les quantités importées ont toutes été écoulées et Maphar est mobilisé pour programmer d'autres importations destinées à satisfaire la forte demande sur cette spécialité» : «En raison de la difficulté de trouver des stocks disponibles auprès de notre partenaire qui fabrique la spécialité ledertrexate, le produit est momentanément en rupture», argumente la direction du laboratoire. Selon la même source, les dernières quantités du médicament ont été livrées aux grossistes entre fin juillet et début août 2011. Le laboratoire se veut toutefois rassurant: «Nous déployons actuellement tous nos efforts pour réapprovisionner le marché dans les meilleurs délais. Notre fournisseur prévoit de nous livrer la première quinzaine du mois de septembre 2011».