Trente-trois membres de l'Association nationale des diplômés-chômeurs du Maroc ont trouvé refuge à l'église Saint-Pierre à Rabat. Ils ont été arrêtés moins d'une heure après puis relâchés dans la journée. La cathédrale Saint-Pierre, sise Place Al Joulane à Rabat, se souviendra longtemps de la messe de ce dimanche 14 août. 33 diplômés-chômeurs ont envahi les lieux demandant un refuge «social», mais leur initiative n'a pas servi à grand-chose. «Nous n'avions pas du tout l'intention de porter une quelconque atteinte à la sacralité de ce lieu de culte. Nous cherchions seulement à trouver refuge, et c'est ce que nous avons expliqué au prêtre trouvé sur place. Il s'est d'ailleurs montré compréhensif, mais, une vingtaine de minutes plus tard, nous avons été surpris d'apprendre que la cathédrale était assiégée par la police», raconte le vice-président de l'Association nationale des diplômés-chômeurs du Maroc (ANDCM), Abdelkrim Koussa. Reconnue pour être la doyenne des associations de chômeurs à Rabat, l'ANDCM s'active depuis 1991 pour le droit au travail. «Certains d'entre-nous attendent un emploi depuis quinze ans, au point que la moyenne d'âge de notre groupe a atteint, aujourd'hui, 40 ans. Nous avons tenté de faire pression par tous les moyens, sans succès ! Bien avant de nous diriger vers la cathédrale, nous avons observé un sit-in au siège du Conseil de la région, mais en vain», indique ce responsable du groupe. Ces 33 chômeurs, composés en majorité de femmes (les deux tiers), ont tenu un sit-in de mercredi à dimanche matin sur la terrasse du Conseil régional, à quelques mètres de la cathédrale. L'Association marocaine des droits humains (AMDH) a émis une série de communiqués en soutien à ce groupe de chômeurs. L'intervention policière du dimanche s'est déroulée sans violence. «Il n'y a eu aucune violence ou tentative dans ce sens dans le commissariat. Nous avons été arrêtés pour flagrant délit de violation d'un lieu sacré. Nous leur avons expliqué que nous avons juste demandé asile comme le veut la coutume des droits de l'Homme, afin de faire pression sur les autorités et revendiquer à nouveau notre droit au travail», explique le vice-président de l'ANDCM. A la fin de la journée, notamment vers 17h30, les chômeurs ont été relâchés et, finalement, aucune charge n'a été retenue contre eux.