La politique de gestion déléguée a- t-elle montré ses limites ? A regarder la réaction des clients et le mécontentement des gestionnaires délégués, l'Etat est plus que jamais invité à revoir son modèle. Tour d'horizon. Les résultats du premier semestre du spécialiste français dans les services à l'environnement, Véolia Environnement ont été catastrophiques. Le groupe a dévoilé une perte nette de 67,2 millions d'euros. Conséquence : un désengagement de plusieurs pays dont le Maroc. Un pays qui a impacté considérablement ses résultats, selon les responsables de la multinationale. Déjà en 2010, Olivier Dietsch, P-DG de Véolia Environnement Maroc était inquiet quant aux perspectives de son activité au Maroc. Il a souligné lors d'une interview accordée à un confrère que «le Maroc a créé son propre modèle de gestion déléguée, auquel nous nous adaptons». Les particularités de ce modèle ont été résumées par un élu du conseil de la ville de Casablanca en ces mots. «Le modèle marocain est basé sur la lourdeur des investissements, la vétusté des infrastructures mises à la disposition des délégataires, l'absence de transparence dans la passation des marchés de délégation et pour couronner le tout, le manque de contrôle étatique, voire son inexistence, comme ce fut le cas pour la Lydec à Casablanca». Des manquements évoqués notamment dans le dernier rapport de la Cour des comptes. Non loin de Casablanca, à Mohammedia, c'est le même constat. L'espagnol Tecmed, spécialiste dans la collecte des déchets menace de recourir à la justice. Et pour cause, des irrégularités ont été identifiées lors de la procédure d'attribution du marché relatif au récent appel d'offre n° 15/2011 CUM, attribué à Sita El Beida. «Tecmed a envoyé une lettre au ministère de l'Intérieur en l'informant des irrégularités lors de l'attribution de l'appel d'offres et demande ainsi l'annulation de celui-ci et le lancement d'un nouvel appel d'offres», nous confie Luis Masiello Ruiz, DG de Tecmed Maroc, pour ajouter, «au cas où la réponse du ministère ne s'avérerait pas satisfaisante, Tecmed se réservera le droit de recourir au tribunal». Si Tecmed compte en appeler à la justice, c'est que des millions de dirhams sont en jeu. Car la commune urbaine de Mohammedia refuse de payer à l'ancien délégataire rien de moins que 50 millions de dirhams. En parallèle, le délégataire crie à la saturation de l'espace de stockage, l'inaccessibilité de la décharge de la ville, la dégradation des véhicules de collecte et l'absence d'un système d'exploitation régulier de la décharge. Autant de contraintes qui plombent les bénéfices du délégataire. Selon des sources bien informées, Urbaser, la maison mère de Tecmed Maroc compte se retirer du marché marocain. Les cas de Véolia, Lydec ou Tecmed ne font pas exception. Dans les principales villes du royaume, la plupart des gestionnaires délégués sont confrontés à plusieurs contraintes dans leur gestion quotidienne. «La régie directe ou la gestion par un établissement public local n'échappait pas à des déficits budgétaires et créaient des problèmes de trésorerie que la collectivité avait du mal à surmonter, d'où la délégation de plusieurs services publics à des opérateurs privés, dont la majorité sont des étrangers et qui disposent d'un grand savoir-faire en la matière. Mais finalement, cette solution a aussi apporté son lot de problèmes», déclare notre source au sein du conseil de la ville de Casablanca. Qui rappelle également, qu'avec l'urbanisme accéléré, plusieurs problématiques comme les infrastructures non adéquates ou le non-civisme des habitants, ont induit des charges supplémentaires que le délégataire n'est pas tenu de respecter. La politique de désengagement de l'Etat qui a été instaurée au lendemain de l'indépendance a- t-elle montré ses limites ? A en croire la grogne populaire et le mécontentement des gestionnaires délégués, l'Etat est plus que jamais invité à revoir son modèle… Aucun article en relation !