Le Kawkab de Marrakech est en proie à une crise sans précédent. Le club a non seulement été rétrogradé en deuxième division, mais il a dû suspendre son assemblée générale faute d'un capitaine capable de le mener à bon port. Etat des lieux. L'assemblée générale ordinaire du Kawkab athletic club de Marrakech tenue récemment dans la cité ocre, a dû suspendre ses travaux avant la fin de la séance, en l'absence de candidatures au poste de futur président du bureau dirigeant. A cette occasion, le rapport moral a été adopté à l'unanimité et le rapport financier à la majorité, alors que le comité provisoire de gestion de l'équipe KACM de football, dont la présidence a été assurée par Fouad El Ouarzazi, a présenté sa démission. Selon le rapport moral, les piètres prestations du KACM et sa chute au deuxième groupe du championnat national sont dues aux démissions en série de leurs entraîneurs, à savoir Jaouad El Milani, Badou Zaki et Fathi Jamal. Une information qui n'a pas surpris vu la crise que vit le club depuis quelques années et qui s'est accentuée la saison dernière. L'étoile du KACM ne brille pratiquement plus bien que son palmarès est éloquent et qu'il fut l'un des pionniers du Championnat comme de la Coupe du Trône dont il était un fidèle finaliste. C'est entre 1968 et 1984 que le Kawkab vivra ses heures les plus sombres, avec ses nombreuses descentes en deuxième division. Les Marrakchis ont disputé leur premier championnat en 56-57 et étaient à deux doigts de le remporter face au WAC de Casablanca, avant qu'il ne prenne sa revanche en remportant le titre l'année suivante. Pour ce premier sacre, ils étaient forts d'un attaquant hors pair qui fut l'un des meilleurs buteurs : Krimou avec 11 buts en 56-57 et 13 en 62-63. Un autre titre suivra en 91-92. Le Kawkab détient aussi six titres de Coupe du Trône et une Coupe de la CAF en 1996 et le club a toujours été un réservoir intarissable d'internationaux qui ont fait les beaux jours de clubs étrangers, à l'image de Tahar Lakhlej (ex-président du club) qui a évolué au club portugais de Leiria avant d'atterrir au Sporting de Lisbonne. Sans oublier Kiddi, Zakaria Alaoui, Ait Biche, Omar Fayek, Aziz Bougergour, Ahmed Elbahja, Adil Ramzi, M'jid Karaouane et Youssef Mariana. Mais c'est entre 1968 et 1984 que le Kawkab vivra ses heures les plus sombres, avec ses nombreuses descentes en deuxième division. Pour sortir de cette crise et en 1984, Mohamed El Mediouri organise une assemblée générale pour reformer la structure du club, ce qui a eu pour résultat de faire remonter le club en première division. Le Kawkab a construit un complexe touristique, commercial et foncier à côté du terrain Larbi Ben Mbarek, lui permettant de toucher 1,3 million de dirhams en un an. Ensuite, il y a eu la construction du centre de formation à Bab Doukala, mais cette richesse n'a pas manqué d'aiguiser les appétits et les scandales de détournements ont souvent fait la une des journaux. Des clans se sont formés, les accusations se sont multipliées et les adhérents ont fait et défait les comités au gré de leur humeur, ou de « cadeaux » sonnants et trébuchants. On n'en a jamais fait mystère dans la ville rose, si bien que certains dirigeants se sont adressés aux tribunaux pour régler leur compte. Un sombre tableau auquel s'est ajouté l'an passé une valse des entraîneurs qui a déstabilisé le groupe. Jawad Milani a vite été évincé par les supporters alors que les résultats étaient probants, Baddou Zaki qui avait déjà été en place est revenu, mais sans trop de conviction face à la pression de la rue et enfin Fethi Jamal qui a fait un passage éclair et qui est reparti sur la pointe des pieds. C'est finalement le fidèle Hicham Dmii qui a servi de roue de secours mais il n'a pu éviter au club sa descente aux enfers. La dernière assemblée qui s'est terminée en queue de poisson est révélatrice du malaise des marrakchis, qui auront bien du mal à dénicher un président charismatique, capable de souder les rangs. Le KACM ne mérite pas une telle situation.