Après moult polémiques et bras de fer, le Syndicat des médecins du secteur libéral réclame aujourd'hui la démission de Yasmina Baddou. Mohammed Bennani Naciri, président du syndicat, revient dans cet entretien sur les raisons de cette revendication. Votre syndicat exige, aujourd'hui, le départ de la ministre de la Santé. L'affaire des cliniques privées serait-elle la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ? Nous demandons la démission de la ministre de la Santé car elle a transgressé la loi 10-94 qui organise l'exercice de la médecine. Elle a publié d'une façon illégale les noms des cliniques dans la presse sans fondement. Sa déclaration sur la fermeture de certaines cliniques a porté un préjudice moral et matériel aux médecins directeurs des cliniques. Yasmina Baddou refuse également d'exécuter les jugements des tribunaux portant sur l'affaire des médecins femmes spécialistes. Elle ne prend aucune mesure pour arrêter l'exercice illégale de la médecine bien qu'elle a reconnu dans l'émission 45 minutes que les polycliniques n'ont aucune autorisation d'exercer. «Depuis qu'elle a pris les rênes du département de la Santé, Yasmina Baddou n'a apporté aucune valeur ajoutée au secteur». La ministre a également reconnu dans la même émission que certains médecins du secteur public travaillent dans l'illégalité dans des cliniques. Nous croyons qu'un ministre qui transgresse la loi n'a aucune place au sein du gouvernement. Ajoutez à cela, que depuis que Yasmina Baddou a pris les rênes du département de la santé, elle n'a apporté aucune valeur ajoutée au secteur. Bien au contraire, elle a voulu faire de la médecine un commerce. Mais, les médecins s'y sont opposés. Ils ont rejeté son projet de loi à l'unanimité. Par ailleurs, la réforme du Conseil de l'Ordre n'a pas vu le jour. Justement parlons du Conseil de l'Ordre national des médecins. La polémique enfle et le Conseil demeure spectateur. Aucune réaction n'est venue de la part de cet organe, censé jouer le rôle de gendarme et de garant du Code de déontologie de la profession. Cela nous vous étonne-t-il pas ? Le contraire m'aurait étonné. Le Conseil de l'Ordre national des médecins adopte toujours cette position. C'est la raison pour laquelle nous avons revendiqué la réforme de cette instance pour qu'elle devienne démocratique et élue. Actuellement, ce conseil est transitoire et non démocratique. En principe, il aurait dû être le premier à réagir dans ces conditions, bien avant les syndicats, parce qu'il est censé défendre la profession. Le 8 juillet dernier, Yasmina Baddou annonce dans la presse la fermeture de treize cliniques privées non conformes aux conditions minimales légalement exigées pour exercer et la mise en demeure de six autres. Un courrier, assure-t-elle, a été adressé à Driss Dahak, secrétaire général du gouvernement, dans lequel elle lui demande d'inviter « les directeurs des cliniques concernées à suspendre immédiatement toutes les activités opératoires et d'hospitalisation, en attendant la mise à niveau de leurs établissements et la satisfaction des observations émises par les commissions d'inspection». Une déclaration qui n'est pas du goût de Driss Dahak qui renvoie la balle en publiant un communiqué dans lequel il dément les dires de la ministre de la Santé. Cette dernière diffuse alors un autre communiqué dans lequel elle assure « avoir demandé au secrétariat général du gouvernement, le 21 juin dernier, la fermeture immédiate de sept cliniques et la suspension des activités opératoires et d'hospitalisation dans sept autres afin de préserver la santé publique eu égard à l'état de ces cliniques et le danger qu'elles représentent pour les patients et pour leur personnel ». Vendredi dernier, une réunion s'est tenue entre le secrétariat général du gouvernement (SGG), le ministère de la santé et le Conseil de l'Ordre. Pourquoi les professionnels n'y ont-ils pas été invités ? Les professionnels ont été écartés de cette réunion et nous en ignorons les raisons. Nous ne savons non plus ce qui a été dit ni ce qui a été décidé lors de cette rencontre. Rien ne filtre. Nous demandons plus de transparence. Les autorités gouvernementales devaient informer l'opinion publique car les gens s'inquiètent, puisque cela concerne leur santé. Ils veulent savoir qui dit la vérité. Est-ce le SGG ou la ministre de la Santé ?