La résidence du président guinéen Alpha Condé a été prise d'assaut par un groupe de militaires lourdement armés dans la nuit du lundi à mardi. Selon des sources proches de la présidence, le chef de l'Etat s'en est sorti indemne mais un mort et deux blessés ont été signalés dans les rangs de sa garde. La résidence du président guinéen Alpha Condé a été la cible d'une attaque à l'arme lourde très tôt mardi matin. Un groupe de militaires bien armés a pris d'assaut la maison du chef de l'Etat faisant un mort et deux blessés dans les rangs de la garde présidentielle. Toutefois, Alpha Condé qui était présent lors de l'attaque «est sain et sauf», a confié une source proche de la présidence. Au bout de trois heures de combat, la garde présidentielle a réussi à repousser les assaillants. «Ma maison a été attaquée, mais je dois féliciter la garde présidentielle qui s'est battue héroïquement pendant deux heures avant d'avoir du renfort», a déclaré le président guinéen à la radio-télévision publique RTG mardi. «Je vous appelle au calme. Nos ennemis peuvent tout tenter, mais ils ne pourront pas empêcher la marche du peuple guinéen vers la démocratie. Nous devons consolider l'unité nationale», a-t-il ajouté. La maison du chef de l'Etat a été criblée de balles et le portail soufflé par un tir de roquette selon Reuters. Le quartier est resté bouclé hier par les soldats de la garde présidentielle et des éléments de la gendarmerie nationale ainsi que d'autres secteurs clés de la capitale. Les habitants de Conakry sont restés pour la plupart, terrés chez eux et la majorité des commerces a été perturbée. «La France condamne fermement l'attaque contre la résidence du président guinéen et appelle les forces armées à demeurer au service de la démocratie», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. «Je vous ai promis le changement et si Dieu le veut, nous aurons ce changement. La voie de la démocratie a commencé et cela va continuer». Alpha Condé, chef de l'Etat guinéen. Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de la Guinée a engagé plusieurs chantiers notamment dans l'armée depuis sa prise de fonction en décembre 2010. D'aucuns affirment sans ambages que l'attaque provient des caciques de l'armée qui se sont senti écartés des grandes instances de décision. L'histoire de ce pays de l'Afrique occidentale est marquée par de nombreux coups d'Etat militaires. En 2008, le capitaine Dadis Camara qui assurait la transition après la mort du président Lansana Conté a été lui aussi victime d'un coup d'Etat. Mais Alpha Condé a tenu à rassurer ses compatriotes. «Je vous ai promis le changement et, si Dieu le veut, nous aurons ce changement. La voie de la démocratie a commencé et cela va continuer», a-t-il affirmé à la RTG. Alors que le pays est en pleine préparation pour ses élections législatives, cette tentative de putsch porte un coup dur à l'instauration de l'Etat de droit qui est en cours. Cela pourrait inciter les autorités à revoir les réformes concernant les libertés. Pour rappel, la Guinée a connu la dictature pendant plus de quatre décennies et l'élection d'Alpha Condé a été perçue par la communauté internationale comme un point de rupture avec les pages noires de l'histoire de ce pays. Il est aussi important de souligner que ce pays est devenu depuis quelques années, la plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l'Ouest. A sa prise de fonction il y a sept mois, l'homme fort de la Guinée avait promis de mener une lutte acharnée contre la drogue alors même que des gradés de l'armée seraient impliqués dans ce trafic.