Olga Mesa, chorégraphe et artiste visuelle a développé une pratique intuitive de la création, entre sensation et réflexion à travers la combinaison de l'écriture chorégraphique. Elle revient sur les jalons de l'atelier qui s'est tenu dans le cadre de Nouzha Fennia à l'Institut Cervantès Corps proche-Corps opérateur. Comment êtes-vous venue à la danse ? J'ai commencé à l'âge de quatre ans, à Aveles, un petit village d'Espagne dont je suis originaire. J'ai suivi une formation de danse classique au conservatoire jusqu'à mes dix-huit ans. Ensuite, je suis allée m'installer à Cannes, afin d'y suivre pendant trois une formation de danse contemporaine au Centre National de Danse. A l'issue de cette étape, j'ai rejoint en tant qu'interprète une compagnie de danse contemporaine madrilène intitulée «Bocamada danse». En 1988, j'ai présenté une chorégraphie lors du concours chorégraphique qui renaît à Madrid, qui ma' permis d'obtenir une bourse pour aller à New-York et suivre durant trois années les cours de l'école Merce Cunningham.C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à travaillé autour de la création chorégraphique en solo, dans des studios new-yorkais. La présentation de deux pièces courtes a suivie, puis en 1992, la ville de Madrid, alors capitale culturelle européenne m'a invitée à présenté une pièce longue au Théâtre Pradillo. Depuis, je dirige ma compagnie depuis dix-huit ans. Comment avez-vous pensé l'association entre vidéo et danse ? A travers ce laboratoire, ce qui m'intéresse est la construction dans l'espace et la question de l'artiste en tant qu'individu dans le cadre de représentation. Il s'agit de plus, d'un travail qui implique le rapport entre le danseur et le spectateur, à la manière d'une architecture : sa construction s'opère au fil de l'indicible et du questionnement suivant, «comment rendre visible ce qui ne l'est pas de prime abord ?» (sic). Cette notion de visibilité s'inscrit également dans la question du cadre, et par conséquent dans l'espace théâtrale. Le langage cinématographique, est de fait, entré à travers ce cadre afin d'y construire des images et y réunir des zones dédiées à d'autres aspects tels que le son, le dialogue, le silence, les champs de profondeur, ce qui disparaît et apparaît ainsi que les fuites et les hors champs. Lors de la première séance, vous avez souligné votre intérêt pour ce qui est lié à la guerre. Est-ce à cause du souvenir du franquisme, des souffrances et de l'insurrection que l'on lit aussi dans la peinture espagnole ? Il m'est difficile de l'expliquer. La notion de l'intime est très présente dans ma démarche. Ce rapport intime avec l'autre mais aussi au public et à l'espace. Cette intimité révèle une conscience face à autrui, et cet autre investit énormément de place. C'est une intimité qui est tournée vers l'extérieur. Au fur et à mesure, la question de la seconde guerre mondiale m'est apparue : cette guerre traîne quelque chose de présent, son histoire s'est emparée de mon esprit. Elle est liée à quelque chose d'impossible à assumer et à accepter. Cette guerre était proche de ma génération, si la société a depuis avancée, on sent le danger du fanatisme poindre autour nous, par rapport à la capacité de destruction de l'homme, toujours sans limite face à sa volonté de détruire l'être humain. Que retenez-vous de cette expérience particulièrement humaine à l'issue d'une semaine d'ateliers à Casablanca ? J'ai été agréablement surprise par le nombre de demandes des participants et surtout par l'intérêt suscité par cet atelier. Un groupe très hétérogène s'est rapidement formé pendant les séances de travail, réunissant des personnes issues de formations différentes, d'espaces et d'histoires différentes. Il était d'une écoute et d'un rare respect pour mon travail. C'était très appréciable. Ce laboratoire expérimental a éveillé des choses tout à fait nouvelles pour chacune de ces personnes. Elles ont pris conscience du travail artistique et de l'engagement nécessaire, elles se sont approprié mon travail. Cela vous incite à revenir transmettre votre art au Maroc ? Absolument. J'ai senti une densité humaine et émotionnelle, en lien avec ma démarche, et que je retrouve pas aussi aisément en Europe.