Vendredi 1er juillet, Dominique Strauss-Kahn a été libéré sur parole par la justice américaine, bien que son passeport reste retenu en attendant l'épilogue de l'affaire. Les images de Dominique Strauss-Kahn menotté, tirant une mine d'enterrement, le sien, accusé par la justice américaine d'avoir violé une femme de chambre d'origine africaine, resteront gravées à jamais dans les annales de la politique étrangère et des médias internationaux. Nous étions le 16 mai 2011 et «l'affaire DSK» était née. Mais le 1er juillet dernier, le procureur général de l'Etat de New York convoque l'accusation pour une séance extraordinaire avec, à la clef, la libération sur parole de l'ex-président du Fonds monétaire international et potentiel candidat à la présidence française de 2012. Sur ce rebondissement imprévisible, de nouvelles images sont venues s'ajouter, pour ne pas dire annuler, celles du 16 mai. DSK est apparu souriant, sortant du tribunal de New York, sa femme Anne Sinclair à ses côtés, elle aussi le sourire aux lèvres, toute en retenue qui fait sa force. L'honneur de Dominique Strauss-Kahn et de son clan est sur le point d'être réhabilité. Un virage spectaculaire qui s'explique par une seule chose : le dossier de la plaignante, ou présumée victime, Nafissatou Diallo, s'est littéralement effondré à travers des découvertes ahurissantes sur son entourage, ses activités, ses mensonges. Trop d'éléments sont venus discréditer la parole de la femme de chambre guinéenne, particulièrement un appel qu'elle aurait passé à son ex-mari emprisonné en Arizona pour une histoire de trafic de drogue, au cours duquel Nafissatou Diallo lui demande conseil : devait-elle «poursuivre sa plainte contre DSK, avec tout l'argent qu'elle peut en tirer» ? Cette discussion de trop, enregistrée par la justice américaine, scelle la décision de l'équipe du procureur de New York, élu aux urnes, qui joue donc gros dans cette affaire : il a préféré faire machine arrière et a décidé de relâcher Dominique Strauss-Kahn et de lui restituer sa caution bancaire. Une décision confirmée par la Cour. Le soir-même, délesté de son bracelet électronique et libre de circuler sur le territoire américain, DSK est allé dîner avec sa femme et des amis dans un restaurant italien d'un quartier huppé de Manhattan. La vie a (presque) repris son cours normal. Ce jour-là, le procureur pourra décider de poursuivre la procédure ou, plus probable, d'annoncer son annulation. Si tel est le cas, l'avocat de la plaignante, Kenneth Thompson, reprendra l'affaire, décidé, comme il l'a annoncé en conférence de presse le jour de la remise en liberté de DSK, à poursuivre le Français avec les mêmes sept chefs d'inculpations qu'à l'origine. Là, une toute autre affaire reprendra, ce ne sera plus l'Etat contre Dominique Strauss-Kahn, mais bien Nafisattou Diallo contre le socialiste français. Si le dossier de la plaignante reste solide malgré une bonne foi complètement discréditée, nul doute que des dommages et intérêts seront reversés à la femme de chambre. Mais si DSK veut retrouver tout son honneur, il ira au bout de ce nouveau procès annoncé, avec un jugement et les deux mots «non coupable » à la clef, pour les faits qui lui sont reprochés. Ce n'est qu'à ce moment là que l'ex-patron de la plus haute instance économique mondiale pourra décider de retourner à la vie politique française pour y tenir un rôle majeur.