Animateur radio et télé depuis de nombreuses années, Claudy Siar est devenu Monsieur le délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'Outre-mer. Allons enfants sur les pas de Claudy à Matignon ! Au moment où les représentants de la diversité comme Rama Yade ou Fadela Amara quittent le navire gouvernemental de l'Hexagone, Claudy Siar y monte. Et pour cause, l'animateur radio et télé, vedette de « Couleurs tropicales », émission musicale qui faisait également office de forum radiophonique sur les ondes de RFI depuis 1995, a été nommé le 18 avril à occuper la fonction de délégué interministériel pour l'égalité des chances des Français d'Outre-mer. Claudy Siar succédait alors à Patrick Karam, et on préfère évidemment savoir l'ex-journaliste, trublion toujours prêt à réagir dès que ses frères humains étaient menacés par des propos racistes d'artistes has been en mal de célébrité, à ce poste. Oui, on préfère Claudy Siar, rattaché à Matignon, à qui on souhaite bonne chance puisqu'il a pour mission de corriger les inégalités dont souffrent les ressortissants des DOM en France dans un temps record. On préfère ce Guadeloupéen, né en 1964 dans le 11e arrondissement de Paris, puis élevé dans un petit village de Provence engagé pour la cause africaine à un Christian Estrosi, secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-mer en 2008, car Siar incarne un modèle de réussite pour la jeunesse du continent, un mec solide, pétri de culture et de sens éthique qui n'a rien à envier au sourire diamantin et à la classe naturelle d'un Obama. «Jamais encarté» « Ce sont les conseillers du président pour l'Outre-mer qui m'ont approché. Ils souhaitaient que je redonne de l'énergie, de l'espoir aux Ultramarins, que j'aide l'Etat à construire une société moins dure pour eux. Je n'ai jamais été encarté dans aucun parti, et le monde politique, ce n'est pas un univers qui me permet de m'exprimer. Mais les temps changent… Ils ne m'ont pas demandé d'adhérer à l'Union pour un mouvement populaire (UMP, le parti au pouvoir, ndlr), ni de participer à la prochaine campagne présidentielle. Cela dit, je garde ma liberté et je ferai part de mes éventuelles désaccords », précisait Claudy Siar à la presse spécialisée. On n'en doute pas, d'ailleurs d'aucuns s'étonnaient justement en apprenant la nouvelle de sa prise de fonction car il n'avait pas hésité à manifester ses critiques visant le gouvernement lors de la crise antillaise en 2009. Si sa fonction s'annonce brève, un an d'action destinée à s'inscrire dans les faits avant l'élection présidentielle qui se profile à l'horizon 2012, Claudy Siar peut encore dire, pour quelques mois à ses auditeurs qu'il retrouvera donc en 2012, « Yes, we can ». « C'est ce contrat à court terme qui m'intéressait. Faire le plus de choses en un laps de temps assez court. Que Nicolas Sarkozy se représente ou pas, qu'il soit élu ou pas, je reprendrai « Couleurs tropicales en juin 2012 », a -t-il déclaré. On se souvient de l'homme passant des messages bienveillants à des millions de jeunes Africains qui écoutaient son émission auxquels ils s'adressait de plus, en les désignant par « génération consciente ». « Génération consciente » Déjà en 1991, Siar avait organisé des manifestations en réponse aux propos racistes de Charles Trenet puis en 2008, il était l'initiateur de la Marche des libertés, à l'occasion du 160e anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Pas facile pourtant de travailler pour un « patron » qui a des dérapages qu'on n'oublie pas, car Sarkozy reste celui qui déclaré à Dakar en 2007 : « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire » et de l'anachronisme de 2007, période préélectorale « des moutons que les musulmans égorgent dans leurs baignoires ». Souhaitons « latcho drom », bonne route en gitan, à Claude Siar, encore en fonction et présent, comme nos frères humains tsiganes et rom, sur le territoire français… Fouzia Marouf