Six mois après le lancement des travaux, les différents chantiers du tramway de Casablanca tournent à plein régime. Reportage sur le boulevard Mohammed V. Des barrières orange et bleu sont hérissées tout le long du boulevard Mohammed V. Sur la chaussée, plus de voitures ni de scooters, mais des ouvriers et des machines. Cela fait maintenant six mois que le chantier du futur tramway de Casablanca a commencé sur cette grande artère du centre-ville. Le béton coulé, l'heure est désormais à la pose des rails. Casque jaune sur la tête, une dizaine d'ouvriers s'affairent autour des traverses, donnent des coups de marteau, font ronronner le marteau-piqueur. Ils sont sous la direction de Bernard Thierry, chef de chantier chez Colas Rail. Avant d'atterrir sur le boulevard Mohammed V, la petite équipe a travaillé sur les chantiers du tramway de Rabat-Salé. « J'ai gardé quasiment les mêmes personnes. C'est important parce qu'ils ont une expérience de deux ans et savent ce qu'ils font » explique Bernard Thierry, gilet fluo sur les épaules. Il faut dire que la portion Mohammed V est particulièrement technique. Les vieilles façades d'immeubles donnent directement sur le boulevard. Cette proximité oblige le chef de chantier et son équipe à être très vigilants. « On met des tapis anti-vibratile sous les rails tous les cinq mètres », témoigne-t-il. « Parce qu'il faut empêcher toute remontée de vibration pour éviter des fissures sur les façades». L'équipe doit également gérer avec l'environnement agité du quartier. De jour, impossible de faire passer un camion de 25 mètres chargé de rails dans les petites rues très fréquentées des alentours. Du coup, il faut attendre la nuit pour être livré. Toutes ces difficultés techniques n'entament pas le moral de Bernard et de ses troupes. « On est dans nos prévisions. Dans six mois, on aura fini de poser les rails », confie-t-il l'air serein. Pour les commerçants du quartier, il est temps que cela se termine. D'après eux, le chantier empêche les gens de se garer et fait fuir la clientèle. Issam est caissier au café de France. Dans ce grand café habituellement rempli, seules quelques tables sont occupées en terrasse et dans la salle. Le sourire du jeune homme s'efface dès qu'on lui parle du tramway. « ça nous gêne beaucoup, c'est un vrai problème. On a presque moins de clients depuis le mois de janvier ». Fatiha est un peu moins remontée qu'Issam. Elle est vendeuse dans un magasin de vêtement sur le boulevard Mohammed V. Lunettes posées sur le bout du nez, elle fait la part des choses. « Pour le moment, c'est vrai qu'on souffre un peu. Mais d'un autre côté, on est content, ça va être bien avec le tramway » glisse-t-elle derrière son comptoir. Encore un peu de patience et les barrières orange et bleu céderont bientôt la place à un tram flambant neuf. Moulay Ahmed Boutelha, 70 ans, retraité « Je suis pour le tramway, c'est une très bonne initiative pour la protection de l'environnement, parce que le tram polluera moins que les milliers de voitures. J'habite pas loin du boulevard Mohammed V et tous les jours je passe à côté pour voir l'avancement des travaux ». Ghita Walid, 60 ans, vendeuse. « C'est un projet novateur certes, mais il ne faut pas oublier que les travaux du tramway ont un lourd impact sur les commerces. Notre chiffre d'affaires a chuté de près de 50 %. C'est surtout le stationnement qui pose de gros problèmes, la plupart des clients préfèrent aller dans les grandes surfaces pour faire leurs achats ». Lahcen, 48 ans, commerçant. « Les travaux ont perturbé toute la vie du quartier. En ce moment, l'activité économique marche au ralenti et s'ajoute à cela le problème des ordures sur le parcours du futur tramway. Espérons qu'avec l'arrivée du tram, les choses vont s'améliorer » . Morad Elmardi, 33 ans, chauffeur de taxi. « La circulation est un vrai problème à Casablanca en raison des embouteillages liés aux travaux du tramway. Sans oublier l'état défectueux des routes, les trottoirs et les chaussées, qui sont en mauvais état ». B.R. (stagiaire)