Le secteur avicole est l'une des activités agricoles les plus dynamiques au Maroc. Néanmoins, elle passe par une conjoncture difficile liée à la surcapacité du secteur et à une mauvaise organisation du circuit de commercialisation. C'est de l'antithèse ! Un développement sans précédent, une surproduction et une conjoncture de crise. Telle est la situation actuelle du secteur avicole au Maroc. Depuis 2007, le secteur a connu une hausse remarquable des investissements grâce à la loi 49-99 relative à la protection sanitaire des élevages avicoles. Plus encore, le développement du secteur a enregistré durant les trois dernières décennies un taux de croissance d'environ 8% des productions de viandes de volailles et 6% des productions d'œufs de consommation. Aujourd'hui, le secteur couvre 100% des besoins en viandes de volaille représentant 55% de la consommation totale toutes viandes confondues, et 100% des besoins en œufs de consommation. En avril 2011, et selon les chiffres de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA), la production a atteint 7,7 millions de poussins par semaine alors que la capacité d'absorption du marché ne dépasse guère les 6,5 millions de poussins. Cette surcapacité, marquée aussi par l'arrivée massive de nouveaux opérateurs sur le marché, est de plus accompagnée d'une mauvaise maîtrise du circuit de commercialisation de la part des producteurs. Et qui dit surproduction, dit chute de prix. En effet, les cours du secteur sur le marché national ont beaucoup baissé. Le prix du poulet vendu à la ferme, ainsi, chuté de 2 DH environ entre mars et mai 2011, c'est-à-dire de 12 à 10 DH. Cependant, les problèmes de la filière ne s'arrêtent pas là. D'une part, il y a l'augmentation des prix de production et, de l'autre, la flambée des prix des matières premières entrant dans la fabrication d'aliments composés, notamment le soja et le maïs, dont les prix sont liés à la tendance du marché du pétrole qui dépend à son tour du contexte géopolitique. Dans le cas d'une baisse des prix des matières premières sur le marché international, il va falloir attendre que les provendiers épuisent leur stocks ( minimum 3 mois ) pour pouvoir répercuter cette baisse sur le prix de vente d'aliments composés. A l'instar de tout les autres secteurs de l'économie nationale, l'informel est un véritable handicap devant le développement de la filière. Ainsi, 85% de l'abattage national est clandestin alors que le reste transite par les 23 abattoirs agréés dont seulement 12 actifs, qui tournent à 20% seulement de leur capacité. Etant atteint et largement dépassé, le contrat-programme avicole 2009-2013 a été annulé. Ainsi, le gouvernement, le Crédit Agricole du Maroc et la Fisa ont signé, en marge de la dernière édition du Salon international de l'agriculture, une nouvelle feuille de route pour la période 2011-2020. Le nouveau contrat-programme doté d'un budget global de 3,8 milliards DH, ambitionne, entre autres, de réduire de 10 à 15% les coûts de production, améliorer les conditions de bonne gouvernance, renforcer les canaux de commercialisation et accroître les investissements de la filière par la modernisation des structures de production actuelle. Aux termes de ce contrat programme, les aviculteurs devront atteindre une production de viande de 900 000 tonnes contre 560 000 actuellement. Quant aux œufs, la production devrait passer de 4,5 milliards d'œufs, en 2010 à 7,2 milliards d'unités en 2020. Parallèlement, la consommation de produits avicoles devrait enregistrer une amélioration progressive au cours de la prochaine décennie. L'objectif est d'atteindre une consommation de 25 kg de viande de volaille, par an et par habitant, contre 17,2 kg actuellement et 200 œufs au lieu de 138 en 2010. Ilham Mountaj