Le monde rural connaît ces jours-ci une ruée vers la construction de logements sans autorisations légales. En conséquence, cette « anarchie » a provoqué la hausse des prix de certains matériaux de construction. Chaotique ! C'est ainsi que l'on peut désigner la situation que vit actuellement l'habitat rural. À vrai dire, on assiste aujourd'hui dans plusieurs régions du royaume, à une ruée vers la construction de logements sans autorisations légales, ni même permis de construire. Cette anarchie a provoqué la hausse des prix de certains matériaux de construction. A titre d'exemple, les prix des briques ont enregistré une hausse fulgurante, passant de 2,5-3 dirhams l'unité, à plus de 7 dirhams dans la région d'Agadir. Suivant la même trajectoire ascendante, les prix du ciment ou encore ceux du fer se sont accrus eux aussi. Tout cela passe bien évidemment dans les circuits du marché noir. Cette brusque envie de vouloir construire son propre logement semble gagner une large frange des couches démunies de l'arrière pays, de sorte que le coût de la main -d'œuvre a quasiment triplé. Le facteur temps y est pour beaucoup dans ce rush, pour lequel des camions frigorifiques ont été déployés pour transporter les briques (!). Par ailleurs, pour exploiter au maximum cette parenthèse temporelle historique qu'est le printemps arabe, les citoyens concernés écartent toute possibilité de conciliation avec les autorités locales. Contactées par le Soir échos, nombre de personnes brandissent la carte de la rigidité des lois relatives à l'habitat et aux règles d'urbanisme applicables sur l'ensemble du territoire national. En plus de la rigidité des lois, cet expert en urbanisme et habitat qui a préféré l'anonymat, explique que cet envol soudain des constructions clandestines de logements est lié en quelque sorte à la faiblesse du pouvoir d'achat. Et d'ajouter que le marché immobilier ne répond pas aux véritables besoins de cette population nécessiteuse et oubliée. Sans parler de la lourdeur et de la complexité des procédures administratives en la matière. L'expert détaille en fait que le parc logement du pays demeure largement dominé par le concept de maison évolutive, c'est à dire une maison instable et en pleine mutation, morphologiquement parlant. En termes plus simples, à chaque fois que l'occasion se présente, le Marocain n'hésite pas à étendre son logement, horizontalement (balcon) ou verticalement (étage). De l'avis du département de l'Habitat, l'absence d'unification des autorités de contrôle (agent de contrôle) devrait laisser libre cours à ces actes illégaux (cf.www.lesoir-échos.com). Ce vide juridique est accentué par le fait que l'octroi du permis de construire dans le monde rural est soumis à l'autorisation des quatre départements ministériels que sont l'Agriculture, l'Equipement, l'Intérieur et l'Habitat. Plus encore, sur un terrain d'un hectare, la loi n'autorise de construire que 200 m2. Sur ce chapitre, Ahmed Toufiq Hjira, ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement de l'espace, avait déjà annoncé que son département travaillait sur un projet d'extension des superficies construites. Jusqu'à aujourd'hui, rien ne laisse encore croire à cette promesse. En définitive, c'est le citoyen lambda qui paie les pots cassés. D'autant que les prix des logements restent très chers comparativement à d'autres pays voisins, rapporte l'expert. Autant dire que le droit au logement au Maroc est un droit social, mais reste loin d'être constitutionnalisé. Le projet de réforme constitutionnelle en cours n'est-il pas la bonne occasion ? Mohamed Mounjid