Le Maroc a enregistré au cours de la période janvier-avril 2011 une hausse de sa facture d'importations de matières agricoles due à la hausse des prix sur les marché internationaux. Ces produits seront de plus en plus cher à cause de fondamentaux peu favorables. Selon les indicateurs préliminaires des échanges extérieurs publiés par l'office des changes, à fin avril 2011, la facture marocaine de blé a augmenté de +4447 MDH (ou +238%), à 6315,2 millions de dirhams contre 1868,2 millions de dirhams sur la même période l'année précédente, tirée essentiellement par un rebond de 68,5% du prix moyen à 3021 DH/T, contre 1793 DH/T un an auparavant. La facture de sucre, à de son côté marqué un bond de 888,6MDH (ou +95,3%) à 1.821,1MDH contre 932,5MDH en janvier-avril 2010. En fin celle du maïs a connu une progression de 464,4MDH (ou +34,7%) à 1.803,1MDH contre 1.338,7MDH, l'année dernière. Pour le Maroc, le message est clair : la facture pour les prochains mois continuera sur le même trend haussier. Cette facture très salée, c'est à la flambée des cours de matières premières agricoles sur les marchés internationaux qu'on la doit. Durant cette année, les cours des matières premières notamment agricoles ont affiché des niveaux de cours jamais atteints depuis 25 ans. Les analystes se montrent même très inquiets de l'évolution des prix sur la campagne 2011-2012. « Les prix de matières premières n'ont jamais été aussi élevés depuis les années 1970 », a noté Philippe Chalmin, professeur à l'université de Paris-Dauphine et coordinateur du rapport Cyclope 2011, lors d'une interview accordé au site d'informations Boursorama. En effet, la situation reste très tendue sur le front des matières premières. Les stocks sont à des niveaux extrêmement faibles. Le moindre incident pourrait nourrir une nouvelle flambée des prix sur les matières agricoles. Ces dernières avaient atteint des niveaux historiques en janvier-février, après une hausse de 26% en 2010 pour le Blé, de 25% pour le sucre et de 15% pour le maïs, car la période correspondait aux approvisionnements des Etats qui cherchent à éviter des problèmes de jointure avec les nouvelles récoltes. En réalité, après le mini-krach des marchés intervenus au début du mois de mai, les prix du blé et du maïs ont fortement bondi, les investisseurs s'inquiétant de l'impact sur les cultures d'une météo peu favorable, dissipant l'effet de prévision de stocks plus importants. Notons que le rapport mensuel du département américain de l'Agriculture (Usda) sur l'état de l'offre et de la demande, publié la semaine dernière, avait imposé une correction sur les marchés de matières premières agricoles en affichant des estimations plus élevées que précédemment sur les volumes des stocks. Mais l'évolution des conditions météorologiques actuelle pousse désormais les investisseurs à penser que l'Usda reverra ses prévisions à la baisse lors de son prochain rapport, en juin. En effet, les semis de maïs et de blés de printemps continuent d'enregistrer du retard par rapport à l'an passé et par rapport à la moyenne à cause des pluies qui empêchent le travail des champs dans le Midwest. D'autre part, le temps trop sec plus au sud a affecté les blés d'hiver en pleine croissance, de qualité inférieure à la moyenne. La sécheresse est également « susceptible de peser sur la production céréalière européenne », notamment en France et en Allemagne, a souligné Sudakshina Unnikrishnan, de Barclays Capital, ajoutant que les prévisions météorologiques continuaient vers des conditions peu favorables. Sur le marché, le boisseau de blé s'est échangé, mercredi, à 7,95 dollars sur le Chicago Board of Trade, contre 7,15 dollars deux semaines auparavant. Le contrat de maïs quant à lui, montait à 7,42 dollars, contre 6,81 dollars deux semaines plus tôt. De son côté, la livre de sucre s'établissait à 22,57 cts de dollars contre 21,64 cts deux semaines avant. En réalité, quand un cours flambe, le marché envoie un message clair, l'offre n'arrive plus à répondre à la demande puisque dans le cas des matières agricoles la spéculation n'est pas remise en cause et son impact sur la formation des prix demeure limité. Pour le Maroc, le message est également clair : la facture pour les prochains mois continuera sur le même trend haussier.