Artiste multiple, compositeur, arrangeur algérien, Safy Boutella, auteur des albums Kutché et Mejnoun, a signé une création exclusive autour du répertoire de Nass El Ghiwane pour le 10e festival Mawazine. Il revient sur les temps forts du concert événement du 22 mai. Qu'avez-vous ressenti durant ce concert face au public d'El Menzeh ? Un grand bonheur musical, l'impression d'avoir fait mes arrangements, non seulement pour Nass El Ghiwane, mais également pour les milliers de personnes présentes, qui chantaient de tout cœur avec nous. Une grande fierté, celle de prouver en musique qu'un Maghreb uni existe, de surcroît, dans la communion. Il appartient aussi aux artistes issus de cette zone de s'unir au-delà des frontières à travers leur art ? Oui. Cette création est chargée d'une véritable résonance. Les textes de Nass El Ghiwane sont plus que jamais d'actualité. Ils sentent la générosité, le peuple, la conscience. On est intéressé ni par l'argent, ni par la réussite, mais on est soucieux de l'épanouissement de nos jeunes et de nos peuples. A posteriori, on fait quelque chose pour le Maghreb, Nass El Ghiwane sont des initiateurs et on est dans une logique d'émotion et de force. Nous sommes des musiciens qui parlons et créons ensemble. J'ai la sensation d'avoir rencontré des artistes d'exception, Abdelkrim Chifa, Rachid Batma, Omar Sayed et Hamid Batma sont d'une incroyable humanité et humilité. Ce sont des gens qui vivent dans leur monde mais qui parlent au monde. Dans la vie de tous les jours, ils sont fidèles à leurs chansons. Je le répète, je n'ai jamais été autant touché que par ce projet et cette rencontre en trente ans de carrière. Un album immortalisant cette création est-il prévu à l'issue de cette aventure artistique ? Oui. En octobre prochain, un album live et un DVD live devraient sortir. C'est important pour vous de participer au concert « Les voix de la paix » qui se tiendra à Marrakech le 29 mai, en hommage aux victimes de l'attentat du 28 avril ? Il est de mon devoir de participer aux Voix de la Paix. Il est important que les artistes puissent s'associer au peuple pour crier haut et fort leur condamnation de tels actes barbares. Et je suis fier de le crier avec les mots des Nass El Ghiwane. Il serait grand temps que la terreur cesse, car elle ruine à chaque fois les efforts entrepris pour construire nos pays. Il serait grand temps que ces luttes intestines cessent, alors que tant de gens sont dans la souffrance, alors que nos jeunes ont besoin de grandes perspectives pour se construire. Tout cela me révolte, alors je réponds toujours présent pour condamner ce qui ronge nos sociétés. Et je réponds toujours gracieusement, car il me semble que la mission d'un artiste est aussi d'exprimer une conscience au-delà du seul divertissement.