Mhamed Fakhir est le premier entraîneur marocain à avoir donné au Raja de Casablanca un titre de champion. Le technicien savoure ces instants de bonheur qu'il a déjà connus avec les Verts en 95-96, le Hassania d'Agadir, en 2002-2003, et l'AS FAR en 2004. Parcours d'un entraîneur comblé. Lorsqu'il fut appelé par le président Abdeslam Hanat pour remplacer le Français Henri Michel, Mhamed Fakhir savait que sa mission ne serait pas facile et qu'il lui faudrait une bonne dose de patience pour atteindre ses objectifs. D'autant qu'il n'a pas participé à la campagne de recrutement des nouveaux joueurs. « C'est difficile de prendre en main une équipe en cours de route, avec laquelle on n'a pas effectué la préparation d'avant saison, ni participé aux recrutements », explique l'ancien patron des Lions de l'Atlas. « Ce fut mon cas et je me suis armé de patience car je savais que le Raja avait les capacités de remporter un titre ». Sa principale hantise était la discipline au sein du groupe, un combat de tous les jours car les dissensions n'ont pas manqué entre joueurs, dirigeants et supporters. Pendant plusieurs mois, le Raja de Casablanca est resté en embuscade attendant l'heure pour véritablement s'installer seul en tête du championnat. «On avait plusieurs concurrents dont le WAC, le MAS, l'OCK et l'OCS», avoue Fakhir. «Chacune de ces équipes a occupé le fauteuil de leader, mais il y a eu des faux pas, des brèches dans lesquelles nous nous sommes engouffrés pour nous maintenir en haut du classement ». En effet, lors de la 18e journée, le Raja était troisième, à deux points du MAS et de l'IC Safi, les clubs qui ont fait du coude à coude en haut du tableau. Le tournant du championnat a eu lieu lors de la 19e journée, lorsque les Verts ont pris le meilleur sur le MAS 2-1 et que l'OC Safi a perdu face au WAC, à Safi, 0-1. La position entre les trois clubs ne va changer qu'après la défaite du Raja à El Jadida contre le DHJ, 0-1. «Oui, ça a été un coup dur pour nous», reconnaît aujourd'hui le coach bidaoui. « On a rétrogradé au classement, mais on n'a pas baissé les bras car l'écart entre les trois équipes n'était pas insurmontable ». L'autre douloureuse défaite s'est déroulée lors du derby, mais Fakhir assure qu'elle a été un déclic pour ses poulains. «Cette gifle a réveillé pas mal de monde et depuis, nous avons retenu la leçon». Le retour au club de quelques anciens a apporté une bouffée d'oxygène à l'effectif, à l'image d'Amine Erbate qui a rassuré la défense, Bouchaïb Lembarki, le feu follet Hicham Aboucherouane et Soufiane Alloudi en attaque. Après cette défaite face au Jdidis, le Raja n'a plus été inquiété, surtout après la belle victoire à Casablanca sur le Hassania 2-0. Les Diables verts n'ont plus quitté la première place, jusqu'à la 29e journée, qui les a consacrés champions, avec en apothéose, un succès face à l'OCK. Mais auparavant, lors de la 28e journée, la défaite contre le KACM a fait couler beaucoup d'encre. Entre-temps, il y a eu la Ligue des champions et la double qualification contre le Tourbillon, puis l'ASEC d'Abidjan. «Je pense que nous avons accompli notre mission», juge le technicien qui s'apprête à établir un rapport sur la concentration, en vue de la Ligue des champions et de la prochaine saison. «Parce que nous avons un titre à défendre», justifie-t-il. « On a travaillé ensemble pour un projet, celui de remporter un sacre sur le plan national et un autre au niveau continental. Nous avons réussi notre mercato et des joueurs comme Souari, Erbate, Lembarki, ou Berrabeh, nous ont beaucoup apporté dans nos différents compartiments de jeu». Il faut dire que les dirigeants, en particulier le président Abdeslam Hanat, ont facilité la tâche de l'entraîneur, en réglant tous les problèmes administratifs des joueurs. «Oui, cela m'a bien aidé», conclut Mhamed Fakhir, qui reprendra le chemin des entraînements d'ici quelques jours.