Des doctorants sans emploi manifestent de nouveau dans les rues de Rabat, bien que le gouvernement se soit engagé à les embaucher. Eclairage. Des doctorants sans emploi manifestent de nouveau dans les rues de Rabat, bien que le gouvernement se soit engagé à les embaucher. Eclairage. Nouveau rebondissement dans le dossier des doctorants sans emploi. Début mars, le gouvernement annonçait, tambour battant, que cette question était définitivement réglée, mais deux mois plus tard, le retour à la case départ se profile pour ces jeunes. Jeudi dernier, ils retournaient battre le pavé des rues de la capitale. Ils devaient ensuite investir les locaux du département de la Justice avant qu'une marche vers le siège de la wilaya soit dispersée par la force, faisant des blessés parmi les diplômés chômeurs. Ce regain de tension intervient après que quatre ministères ont rejeté le quota de diplômés à embaucher, fixé par Abbas El Fassi. Ainsi, 497 dossiers ont été rejetés, sur un total d'environ 1 900 demandeurs d'emploi, réunis en onze groupes qui manifestent régulièrement à Rabat, contre le gouvernement qui avait annoncé l'emploi pour 4 304 doctorants. Les quatre départements à faire fi des ordres de Abbas El Fassi sont la Justice, avec 262 dossiers, les Finances, avec 100 cas, l'Intérieur, pour 80 demandes et la Direction de la défense nationale qui a refusé 80 postulants. « Tous ces ministères ont renvoyé les dossiers vers la Primature », confie un membre de la coordination des docteurs sans emploi. Le département de Mohamed Naciri a justifié sa décision par l'incompatibilité des profils avec ses besoins en nouvelles recrues. Même chose du côté de l'Intérieur. Mi-décembre dernier, Abbas El Fassi adressait une lettre à quatre départements ministériels : la Santé, la Justice, l'Intérieur et l'Education nationale, ainsi qu'à la Haute délégation des prisons. le Premier ministre y demandait de réserver des postes d'emplois aux diplômés sans emplois. Le 19 janvier, au siège de la wilaya de Rabat, la missive est brandie par les officiels pour calmer les membres impatients de la Coordination des diplômés sans emploi. Le 25 février, Saâd Alami, ministre de la Modernisation des secteurs publics, annonçait sur la chaîne Al Oula, que ce dossier s'acheminait vers une solution. Au 1er mars, le gouvernement s'engage à embaucher, sans exception, les 4 303 titulaires de doctorat et le 17 mai dernier, c'est le retour à la case départ. Un argument largement répandu dans le privé et, somme toute, logique que la fonction publique s'approprie désormais. Pour désamorcer la crise et éviter une descente des diplômés dans les rues, Mohamed Bekkari, conseiller à la primature en charge du dossier, tente de calmer les esprits. Mais visiblement, sa réunion de mardi dernier n'a rien donné de concret. Bekkari a promis à ses interlocuteurs des embauches dans d'autres ministères, comme l'Enseignement, la Communication, la Modernisation des secteurs publics, l'Emploi ou encore les Habbous et les Affaires islamiques. Il leur a donné rendez-vous ce jeudi, une journée cruciale pour le dénouement de cette affaire ou son enlisement. En attendant, l'inquiétude prévaut chez les concernés, qui craignent un revirement du gouvernement. Ce qui explique la manifestation qu'ils ont organisée le 19 mai dernier à Rabat. Leurs protestations risquent de faire tâche d'huile sur tout le territoire national si le rejet de leurs dossiers par les quatre ministères précités comprennent également les diplômés chômeurs des autres villes du royaume, notamment des provinces du sud. Pour rappel, le 1er mars dernier, « l'intégration totale » des diplômés avait droit de cité et l'Istiqlal annonçait en fanfare le règlement de ce dossier, au point que Abbas El Fassi avait dépêché Chiba Maâ El Ainin, un de ses hommes de confiance, à la réunion avec les jeunes. Profitant de cette aubaine, ce dernier avait même prononcé un discours devant des jeunes aux anges, totalement éblouis par la promesse de cette intégration totale. Deux mois plus tard, le rêve est sur le point de se transformer en cauchemar, à moins d'une intervention expresse du premier ministre, afin de remettre les pendules à l'heure.