Passionné de voitures, Abdelouahed Ettoubaji est contrôleur technique sur les courses automobiles. Il a contribué à relancer le mythique rallye historique dont la 2e édition se déroulera du 24 au 28 mai. Portrait. Abdelouahed Ettoubaji, 46 ans, est contrôleur technique sur les courses automobiles. Sa mission : vérifier la conformité des véhicules avec les normes de sécurité imposées par la fédération internationale d'automobile (arceaux sécurité, bacquet, extincteur, ceintures…). «C'est moi qui donne le OK après avoir vérifié ces points techniques», précise-t-il. Les pilotes ont besoin de sa bénédiction avant de se lancer dans la course, mais aussi de ses lumières. L'autre fonction de Abdelouahed, consiste en effet à étabir le roadsbook, un document remis aux concurrents qui définit le parcours officiel du rallye et les détails qui l'accompagnent. «Cela suppose tout un travail de reconnaissance. On doit tout noter : les routes, les changements de direction, le kilométrage, les pièges… Je fais ça seul et bénévolement pour toutes les organisations de rallyes», explique-t-il. Enfin, durant la course, Abdelouahed gère les relations entre concurrents : « J'interviens surtout en cas de contestation d'un chrono. J'essaie de trouver une solution avant que l'affaire ne remonte à la direction de course». Ce passionné de voitures de courses a eu très tôt la révélation. Cela commence en 1980. Il a alors 14 ans et décide de suivre le rallye de l'Atlas. « Je prenais le car pour me rendre sur les différentes étapes. Ça amusait beaucoup les pilotes et les organisateurs de voir un jeune les suivre avec son sac à dos, se souvient-il. Ils se sont pris alors d'amitié, j'étais devenu leur chouchou.» Une passion qu'il a transmise à l'un de ses deux enfants qui, à 8 ans, participe déjà aux championnats du Maroc de motocross. « Il m'a accompagné une fois sur une course et ça a été le déclic. Il voulait une moto, alors je l'ai encouragé. Il s'est classé 2e aux championnats et 2M lui a même consacré une émision », raconte-t-il avec un brin de fierté. Madame Ettoubaji est, elle aussi, touchée par la grâce. Depuis six ans, elle est devenue contrôleur technique et a même officié lors du WTTC, l'an dernier à Marrakech. Programme chargé Mais Abdelaouhed en bon prêcheur, ne se limite pas au clan familial. Secrétaire général du Racing universitaire de Casablanca, un club omnisport, il a organisé, il y a deux semaines, un rallye Spécial étudiants. «C'était une épreuve de régularité pour sensibiliser les jeunes au code de la route. Cela a duré 15 jours avec un périple dans le sud et des arrivées qui se faisaient dans les universités. Les jeunes ont bien assuré et étaient ravis de cette aventure », ajoute-t-il. Reste que pour les prochains jours, le programme est chargé pour Abdelouahed. Dans une semaine, il sera aux 24 h d'endurance qui se dérouleront entre Marrakech, Agadir et Ourzazate. Il prépare également, pour les 6 et 7 mai prochains, la 3e manche du championnat qui démarre à Agadir. Un circuit fermé, en ville, où Renault lancera sa formule Clio. Puis enfin, le rallye historique dont la deuxième édition se déroulera du 24 au 28 mai, au départ de Rabat. «Yves Loubet et José Andréani voulaient relancer ce rallye, et c'est tout naturellement qu'ils ont fait appel à moi. La première édition a nécessité quatre années de préparation», précise Abdelouahed incollable sur le sujet. «C'est un rallye mythique même si aujourd'hui les épreuves sont plus light. Avant, ce rallye du Maroc comptait pour le championnat d'Afrique des rallyes. Les épreuves étaient très difficiles avec des étapes de 1 600km. C'était un des rallyes les plus difficiles au monde où les voitures étaient mises à rude épreuve et parfois détruites après la course ». Aujourd'hui, les épreuves sont plus courtes et comprennent des liaisons sur route ouverte avec des temps impartis et trois à quatre spéciales par jour, de 15 à 40 km qui sont chronométrées. Rien à voir avec le rallye d'antan. Pistes rapides Le parcours concocté l'an dernier a séduit les concurents et c'est naturellement qu'il a été reconduit . «On les a fait passer par le Khatouat près de Benslimane, un haut lieu du sport automobile ; puis on est descendu jusqu'à Beni Mellal et ses lacs. Ils ont adoré surtout les pistes en montagne, très spectaculaires et les étapes entre Ourzazate et Marrakech. Les pilotes ne s'attendaient pas à voir ce genre de pistes plates, rapides sans pièges. Ils se sont régalés ». Côté sécurité, cinquante commissaires sont appelés en renfort. Une organisation bien rodée et des concurrents plus nombreux même si une grande partie sera au GP de Monaco qui se déroule aux mêmes dates. Après avoir participé l'an dernier au rallye de Corse en tant que commissaire de course, Abdelouahed rêve d'assister aux 24 heures du Mans. « J'ai toujours été fasciné par les Ford GT 40 et les Porsche 917, ces voitures mythiques qui ont fait les beaux jours des 24h du Mans. Aujourd'hui, malheureusement, c'est l'électronique embarquée qui fait la course». Un puriste, Abdelouahed, rassuré que des courses comme le rallye historique perpétuent la tradition avec des voitures classiques sans électronique mais qui font toujours le spectacle.