En attendant un Manhasset 6, prévu en mars, le Maroc et le Polisario se réunissent à Genève. Principal point à l'ordre du jour : élargir le programme d'échange de visites des familles entre les provinces du sud et les camps de Tindouf. Le processus de Manhasset concocté par Christopher Ross poursuit lentement son agenda. Depuis hier mercredi, des représentants des parties concernées par la question du Sahara sont réunis à Genève pour aborder l'introduction de nouvelles mesures au programme d'échange de visites entres les provinces du sud et les camps de Tindouf. Cette rencontre est en effet la concrétisation des engagements des parties, issus de la quatrième réunion informelle tenue les 16 et 18 décembre à Manhasset et réitérés lors du 5e round des 21 et 23 janvier. Dans des déclarations à la presse, Ross a annoncé que les parties ont convenu «d'avancer vers le lancement des visites familiales par voie terrestre». Principale réalisation de la réunion du 21 au 23 janvier, rendue publique, l'accord des parties pour rencontrer, début février, le bureau du Haut commissaire pour les réfugiés (HCR) à Genève, en vue «d'avancer vers le lancement des visites familiales par voie terrestre entre Laâyoune et Tindouf», a souligné Ross. La réunion de Genève des 9 et 10 février est en ligne avec les propos du médiateur américain. Actuellement, seuls les avions relient le Sahara à Tindouf. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères, relayé par la MAP, souligne que «la réunion de Genève sera présidée par le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Antonio Guterres, en présence du Maroc, de l'Algérie, de la Mauritanie, du Polisario ainsi que du représentant spécial et envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara». Aléas politiques Dès les premiers jours du lancement du programme d'échange de visites, en 2004, à l'initiative du HCR, l'engouement a été total dans les camps de Tindouf avec l'enregistrement de plus de 18.000 demandes. Dans un rapport du HCR, publié en juin 2010, l'organisme onusien estime «qu'au Sahara occidental, le programme de mesures de rétablissement de la confiance actuellement mis en œuvre a bénéficié à plus de 9.600 Sahraouis (23% des inscrits). Plus de 160 visites aux familles ont été organisées depuis 2004 dans le cadre du programme, les femmes représentent plus de 56% des participants. Fin 2009, quelque 41.200 Sahraouis s'étaient inscrits pour participer au programme de visites». Ce programme a subi les aléas de la politique. En septembre dernier, le Polisario interdisait à un avion du HCR transportant une trentaine de Marocains d'atterrir sur le tarmac de Tindouf. A l'époque, les camps étaient en ébullition à la suite de l'affaire de Mustapha Salma. Après des mois en rade, le programme d'échange de visites a pu redémarrer le 7 janvier dernier. Les échanges de visites par voie terrestre augmenteront le nombre des résidents des camps de Tindouf se rendant dans les provinces du sud. Politiquement, le Maroc aura tout à gagner de cet élargissement. Il apportera un autre son de cloche diamétralement opposé à celui de la propagande du Polisario. A quand le recensement ? La participation du HCR à la réunion de Genève est un point positif, mais il n'en demeure pas moins que sur le dossier du Sahara, le rôle de cet organisme onusien est tassez limité. Sa marge de manœuvre est très réduite. Contrairement aux autres camps de réfugiés où le HCR est responsable, ceux de Tindouf échappent à sa tutelle. Placé sous l'autorité des militaires algériens et des milices du Polisario, le HCR se contente de jouer les seconds rôles. Jusqu'à présent, en dépit des nombreuses demandes pour procéder à un recensement de la population des camps, les responsables du Haut commissariat aux réfugiés se heurtent toujours au refus catégorique du gouvernement algérien. En septembre 2009, l'ancien Premier ministre portugais Antonio Guterres, patron du HCR, en visite dans les camps, avait réitéré la même demande, et n'avait reçu qu'un sec niet en guise de réponse. Ce refus de collaborer avec le HCR s'est traduit par une baisse sensible des aides des pays donateurs destinées aux camps. Dans de précédentes déclarations au « Soir échos », Antonio Guterres estimait la population de Tindouf à 90.000, très en deçà des 160.000 de la propagande du Polisario.