Suite à l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, en avril 2010, BP a décidé d'installer des plateformes pétrolières dans la mer de Kara, au nord de la Sibérie, dans l'Arctique. Une décision largement contestée par les mouvements écologistes. Dernier refuge des ours polaires, morses, baleines blanches et d'importantes espèces de poissons, comme le flétan, le capelan et la morue, l'Arctique est l'un des rares environnements de la surface terrestre tenu intact. Environnement d'autant plus fragile qu'il convient de le protéger et de le conserver, selon les écologistes. Egalement, de par sa position isolée, l'Arctique est encore plus exposé aux catastrophes écologiques que le reste du monde. D'où l'indignation de nombreux organismes tels que Les Amis de la Terre, WWF ou Greenpeace face à la décision de BP d'explorer les gisements de l'Arctique russe selon un accord avec le pétrolier russe Rosneft. Un danger pour l'Arctique Selon WWF au Royaume-Uni, les plans anti-marée noire dans l'Arctique sont encore moins adaptés qu'ils ne l'étaient dans le golfe du Mexique. Il y a moins de matériel de lutte contre les marées noires et moins de bateaux pour récupérer le pétrole flottant à la surface de l'eau. Dans cette lancée, Greenpeace a signalé récemment qu'il faudrait neuf mois pour réparer les dégâts d'une marée noire dans la mer de Kara. Ainsi, l'organisation entend lutter activement pour la protection des ressources de l'Arctique. Enfin, WWF pense que les incessants relevés sismiques des deux compagnies ont causé des nuisances sonores aux cent trente dernières baleines grises de la côte ouest du Pacifique. Les écologistes s'étaient déjà plaints des activités conjointes de BP et de Rosneft au large de l'île de Sakhaline, dans le Pacifique Nord. BP ou le «Bolchoï Petrol» Il y a quelques années, en promettant d'aller «au-delà du pétrole», BP se présentait comme la compagnie pétrolière la plus écologique. Mais au vu des répercussions de ses opérations dans le golfe du Mexique, la décision de forage en fait aujourd'hui l'ennemi numéro un de l'environnement. Les coûts de nettoyage générés par la marée noire au large des côtes américano-mexicaines devraient ainsi s'élever à 40 milliards de dollars. Surtout, face à la colère suscitée par la catastrophe, BP se tourne désormais vers l'est pour creuser de nouveaux puits. De fait, l'accord entre le pétrolier et le géant russe du pétrole Rosneft, détenu par l'Etat, prévoit un montant de 6 milliards d'euros d'échange d'actions entre les deux partenaires. Selon un consortium, tous les projets pétroliers en Ukraine et en Russie doivent se dérouler avec la participation d'AAR, une autre société pétrolière. Cette dernière vient pourtant de déclarer son intention de bloquer l'accord entre BP et Rosnef. Selon, le parlementaire américain Ed Markey, réclamant une révision de l'accord, «même après la plus grande marée noire de l'histoire des Etats-Unis qui coûtera peut-être des milliards de dollars d'amende, il semble que l'ours russe continue à faire confiance à BP». «Les initiales BP signifiaient autrefois British Petroleum. Avec cet accord, elles sont devenues synonymes de Bolchoï Petroleum», a-t-il observé. BP poursuit également, en collaboration avec Husky Energy, un projet de 2,5 milliards de dollars à Alberta, au Canada. Les deux partenaires extraient du pétrole de gisements de sables bitumeux, une opération difficile qui génère d'importantes émissions de gaz à effet de serre.