La place donnant sur le bâtiment de l'ambassade de l'Egypte à Rabat a vécu hier au rythme d'une manifestation d'un millier de personnes, proclamant leur soutien aux manifestants égyptiens. Une centaine de militants d'organisations politiques, syndicales et des droits humains ont manifesté lundi devant l'ambassade d'Egypte à Rabat, en signe de solidarité avec le peuple égyptien. Bien avant l'arrivée des manifestants vers 17 heures, la place Abraham Lincoln qui abrite, ironie du sort, l'ambassade de Tunisie, avait été quadrillée par les services de sécurité pour bloquer l'accés à l'ambassade aux manifestants. Ces derniers ont dû brandir leurs banderoles et scander des slogans anti-Moubarak de l'autre coté de l'avenue d'Alger où se trouve l'ambassade égyptienne. Selon Abdelhamid Amine, coordinateur adjoint du collectif : «Les forces démocratiques du Maroc, dénoncent la répression du peuple égyptien frère et soutiennent son insurrection héroïque contre l'oppression et le despotisme, et pour la liberté, la dignité et la démocratie». Durant le sit-in, les manifestants ont brandi des pancartes de soutien au peuple égyptien et ont scandé des slogans contre la dictature de Moubarak. «C'est pour le soutien au peuple égyptien dans son combat pour la démocratie que nous sommes là aujourd'hui», lance un militant du PSU. Les manifestants ont plus particulièrement repris d'une seule voix le mot d'ordre avancé par les masses populaires égyptiennes : «Le peuple veut la chute du régime». Des manifestations cosmopolites Contrairement au sit-in devant l'ambassade de Tunisie, qui avait été interdit à deux reprises janvier, celui devant l'ambassade d'Egypte a été légèrement toléré par les autorités pour éviter un affrontement direct avec les militants de la gauche radicale. Il faut dire que la donne a changé depuis le départ de Ben Ali et le déclenchement de la Révolution du jasmin. Plusieurs journalistes étrangers ont fait le déplacement à Rabat pour couvrir l'événement auquel le timing a attribué une grande importance. Pour rappel, le 21 janvier, les participants à une rencontre de solidarité avec la Révolution du jasmin en Tunisie avaient annoncé à Rabat, la création d'un «Réseau marocain de soutien aux démocrates maghrébins». Selon Abdelhamid Amine, l'appel au sit-in organisé lundi devant l'ambassade d'Egypte, a été lancé par les composantes de ce réseau bien que ce pays ne fasse pas partie du Maghreb. Le plus surprenant est que ce sit-in avait réuni côte à côte des gauchistes d'Annahj Addimocrati, des islamistes et des activistes amazighs comme Ahmed Dgharni ou Rachid Rakha. Comme devant l'ambassade tunisienne, le réflexe sécuritaire est toujours présent. Des agents des services de l'ambassade égyptienne se sont postés sur le toit du bâtiment pour filmer les manifestants. On sait jamais, un Egyptien pourrait bien se faufiler dans la foule.