Karim Ghellab «La majorité des syndicats sont pour le code de la route» «Normalement la grève est le dernier recours après l'échec du dialogue».«Les dérives politiciennes ont eu des impacts sur ce code quand il a été utilisé pour essayer d'affaiblir le gouvernement et créer des déséquilibres». A votre avis, pourquoi le Code de la route a pris des années avant son adoption finale par les deux Chambres du Parlement? Je pense que c'est un bon exemple, contrairement à ce qu'on peut penser. Bien sûr, il y a eu des remous aux conséquences néfastes sur l'économie marocaine. Mais le code de la route demeure un bon exemple de discussion et réforme démocratique utilisant des institutions démocratiques, à savoir le Parlement, la Chambre des conseillers, le dialogue social, le gouvernement, les syndicats, pour débattre d'un sujet qui intéresse l'ensemble des Marocains. De temps en temps, quand on parle de la politique au Maroc, on a parfois l'impression qu'il y a les citoyens d'un côté et les politiques de l'autre, mais voilà un dossier qui a montré l'importance du lien entre les citoyens, la base, et les politiques. Ce dialogue est d'ailleurs à la hauteur de la profondeur de la réforme qu'est le code de la route. Ne croyez-vous pas que le politique a eu un impact sur le retard de l'adoption du code de la route? Bien évidemment, les dérives politiciennes ont eu des impacts sur ce code quand il a été utilisé pour essayer d'affaiblir le gouvernement et créer des déséquilibres. Ce sont des manœuvres nocives à cette réforme et à la démocratie en général. Concernant la grève du 8 février, est-ce que vous avez entrepris des négociations avec les initiateurs de ce mouvement d'arrêt dans le secteur des transports? J'insiste pour dire que nous avons ouvert la porte du dialogue à tous les syndicats. Toutes nos réunions ont été sanctionnées par la signature de procès verbaux. Et l'ensemble de ces PV sera mis sur le site Internet du ministère, au passage la loi est déjà mise sur le même site, pour que tous les Marocains puissent constater l'effort de dialogue consenti. Et le citoyen qui entend aujourd'hui parler de grève dans le secteur doit savoir qu'il y a plus de 61 syndicats qui ont signé le code de la route et qui l'ont accepté bien sûr moyennant des amendements et des changements extrêmement importants. Et que le texte adopté par les deux Chambres du Parlement a été validé par tous les partenaires. Concernant le syndicat qui a appelé à la grève, d'abord il n'a pas souhaité participer aux réunions de dialogue et ensuite il s'est regroupé, à un moment donné sous la houlette de l'ODT (organisation démocratique du travail) on a dialogué et on est arrivé à un accord. Ce syndicat s'est retiré et maintenant il appelle à une grève. C'est juste de la surenchère pour savoir si sur le marché syndical il est toujours possible de haranguer des transporteurs en continuant de leur faire peur avec le code de la route. Vous savez, le code de la route sur le plan syndical c'est comme un produit, il a été utilisé une fois, deux fois et maintenant ces gens essaient de le réutiliser pour la troisième fois. Normalement la grève est le dernier recours après l'échec du dialogue. Je dirai que le citoyen qui voit un avis de grève a l'impression que tous les transporteurs sont contre le code de la route, il faut qu'il sache que le syndicat qui fait appel à la grève n' a pas voulu participer au dialogue, il l' a refusé, on l'a invité à y prendre part et il s'est exclu lui-même du dialogue. Le seul élément sur lequel insistent le gouvernement et tous les syndicats, c'est la mise à niveau sociale… En quoi consiste-t-elle au juste ? Nous avons pris, lors de ce dialogue social, des engagements en particulier sur la Caisse de sécurité sociale, la couverture médicale et sur l'accès au logement à bas prix. Sur ce dernier point, il existe une convention signée, il y a déjà un an, avec le ministère et le département de l'habitat prévoyant de réserver des quotas aux transporteurs professionnels dans les complexes immobiliers qui se construisent. Autre facilité de cette convention: si les transporteurs se réunissent en coopérative, ils auront droit à des lots de terrain au prix de l'Etat. Sur la sécurité sociale, le gouvernement est décidé à faire avancer les choses. Les deux messages clés pour moi sont les suivants: la majorité des syndicats sont pour le code de la route pour ce qu'il apporte et les améliorations et les aménagements qu'ils ont eux même apportés. Ils soutiennent les réformes en cours au niveau du secteur. Et ceux qui appellent aujourd'hui à la grève cherchent uniquement à créer du grabuge. Pour ce volet social sur lequel on est engagé, je dis que nous maintenons nos engagements. Est-ce que toutes les infrastructures et les dispositions administratives concernant le code de la route seront mises en place d'ici le 1er octobre, date de l'entrée en vigueur du code de la route? Tout sera prêt. Par exemple, le permis à points, le système d'information, les radars fixes, les institutions pour récupérer les points perdus, le système pour enregistrer les chauffeurs professionnels, les cahiers de charge pour les auto-écoles. Tout sera mis en place d'ici le 1er octobre. Le ministère a-t-il les ressources humaines lui garantissant de mener à bien cette réforme? Oui nous les avons. Et ce qui nous manque nous le mobiliserons à travers les bureaux d'études et les conseils d'accompagnement. Nous faisons ce qu'il faut. Il y a tout un travail auquel participe, outre le ministère, la police, la gendarmerie, la Justice et la Santé. A quand la publication du code de la route au Bulletin officiel? D'ici quelques semaines. Les procédures sont en cours de mise en œuvre. La traduction du texte en français est également en cours de préparation. Et la publication aura lieu dès que ces deux procédures seront effectuées. Propos recueillis par Mohamed Jaabouk Accroche: Le seul élément sur lequel insistent le gouvernement et tous les syndicats, c'est la mise à niveau sociale.