La flambée des prix des produits alimentaires de base, tels que l'huile, la farine et le sucre, ainsi que le chômage et la pénurie de logement provoquent des émeutes dans le pays. Les manifestations ont commencé le 4 janvier à Tipaza et Alger et se sont rapidement propagées aux autres villes. «Cette explosion de violence est le fruit du profond malaise social qui touche la population», juge un quotidien algérois. Depuis quelques jours l'Algérie vit au rythme des jets de pierres et des émeutes. Dans le centre d'Oran des habitants du quartier Victor Hugo ont protesté violemment mercredi contre la cherté de la vie et la hausse des prix des produits de consommation générale. Il en a été de même dans le quartier populaire de Bab El Oued à Alger qui s'est embrasé à son tour. Les manifestations sont devenues quasi quotidiennes en Algérie. Les émeutiers revendiquent des conditions de vie jugées insoutenables. Ils descendent spontanément dans les rues, brûlent des pneus, bloquent les routes avec des troncs d'arbres et des pierres. Et pour éviter tout affrontement avec les manifestants, les forces de l'ordre évitent d'intervenir, tandis que le gouvernement préfère garder le silence et semble incapable de faire face à la montée en puissance des revendications sociales. Cette vague de manifestations est similaire à celle que connaît la Tunisie, où un jeune diplômé chômeur s'est immolé par le feu après s'être vu confisquer sa marchandise ambulante. Le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), Mustapha Bouchachi, explique les raisons d'un tel mécontentement populaire : «L'Algérie et la Tunisie sont deux régimes totalitaires qui ne laissent pas d'espace pour la liberté d'expression et le rassemblement pacifique. La corruption généralisée dans ces pays et la hogra affectent d'une façon considérable la vie des jeunes. Les chômeurs ne peuvent pas revendiquer du travail d'une façon pacifique. Si on continue à gérer les sociétés de cette façon, il peut y avoir des explosions sociales aux conséquences graves». Le président de la LAADH pousse l'analyse un peu plus loin. Il reproche aux pays occidentaux «leur soutien aux régimes totalitaires» au Maghreb. «L'Occident n'a aucune volonté d'aider nos sociétés à avancer vers la démocratie réelle. Il s'intéresse à tous les pays, exceptés les pays arabes».