Alors qu'ils sont interdits en Belgique et en France, les tapis-puzzle n'ont pas disparu des magasins au Maroc. Le département d'Ahmed Réda Chami annonce au Soir échos qu'il recommande aux commerçants de suspendre leur vente en attendant le résultat des analyses en cours. Les tapis-puzzle continuent d'alimenter la polémique autour de leur toxicité. En Belgique, puis en France, ils ont été carrément interdits à la vente. Contenant de la mousse caoutchouteuse, ces jouets sont assouplis au moyen du formamide, un produit chimique industriel cancérigène que l'Union européenne envisage d'interdire dans tous les pays de l'UE à partir de 2013. Dans ses précédentes éditions, Le Soir échos avait attiré l'attention sur la poursuite de la vente de ces tapis-puzzle en saisissant le Centre national antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM). En réaction, celui-ci a émis une mise en garde dans laquelle il précise que la substance incriminée est nocive lorsqu'elle «est inhalée ou ingérée et irritante pour les yeux et la peau. Les enfants sont plus vulnérables, car ils mettent en bouche tout ce qu'ils trouvent». Quelques jours plus tard, ces fameux tapis-puzzle, pourtant retirés par les franchises au Maroc, sont toujours commercialisés sur le marché national. Dans plusieurs surfaces, notamment des plus connues à Casablanca, le jouet est même mis en évidence dans l'espoir d'écouler les stocks au plus vite. Le Soir échos a donc saisi à ce propos le ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies. Ce dernier déclare avoir lancé, depuis le 14 décembre, une campagne de contrôle pour identifier les modèles et marques de tapis-puzzle présents sur le marché. Par ce moyen, le département d'Ahmed Réda Chami compte vérifier leur conformité à la norme. «Les prélèvements sont en cours d'analyse. En fonction des résultats obtenus, les dispositions nécessaires seront prises», précise-t-il. Et d'annoncer qu'en attendant les résultats, les services du ministère recommandent aux commerçants de suspendre la vente de ces tapis. Alors que les associations des consommateurs crient au manque et/ou à l'absence de contrôle en amont, le ministère de tutelle ne se montre pas du même avis. Il tient à affirmer, dans sa réponse au Soir échos, qu'un contrôle continu est également assuré sur le marché à travers les délégations provinciales qui prélèvent des échantillons de produits en cas de doute sur la qualité. En cas de non-conformité par rapport aux normes, il y a interdiction de commercialisation et engagement de poursuites judiciaires contre les concernés. Ainsi, chaque année, de 6.000 à 7.000 points de commerce sont contrôlés, d'après le ministère, rappelant qu'il a mis en place, depuis 1996, un Système de contrôle de conformité des produits aux normes obligatoires (http://www.mcinet.gov.ma/mciweb/QualiteNormalisation/liste_des_normes_obligatoires.htm). Concrètement, à en croire la même source, les produits concernés par ces normes sont soumis à un contrôle aussi bien à l'importation que sur le marché. Ainsi, toute importation de produits dont les normes sont obligatoires fait l'objet d'un contrôle au poste frontalier. Et, l'accès du produit au marché intérieur est conditionné par la conformité attestée sur la base d'un rapport d'analyse délivré par un laboratoire agréé, explique le département d'Ahmed Réda Chami. En chiffres, cette procédure représente pas moins de 50.000 opérations d'importation contrôlées annuellement. Malgré ces efforts, faut-il rappeler que les consommateurs doivent absolument maintenir une veille ? Les petits prix de ces jouets séduisent, mais cet argument ne peut en aucun cas permettre une mise en danger de la sécurité et de la santé d'un enfant. Dans son alerte, le CAPM appelle d'ailleurs les parents à la vigilance, à se débarrasser de ces tapis-puzzle s'ils en ont chez eux et à ne pas en acheter dorénavant. Le Centre antipoison profite de l'occasion pour réitérer la nécessité pour le Maroc de se doter d'une législation adéquate, appropriée à ce genre de situation.