L'association AMALI organise une rencontre le 8 janvier au centre culturel d'Anfa (Casablanca). Objectif : étudier de plus près la relation drogue/schizophrénie. leïla hallaoui C 'est une tendance qui se confirme. A l'Association marocaine d'appui, de lien et d'initiation des familles de personnes souffrant de troubles psychiques (AMALI), l'on constate que les victimes de schizophrénie deviennent aussi des proies faciles de la drogue. «Nous remarquons de plus en plus que nos malades souffrent d'addiction à la drogue, souvent du cannabis. Les dealers profitent de leur vulnérabilité psychique pour en faire des consommateurs addicts», s'indigne la présidente d'AMALI, Naïma Trachen. Son constat n'a pas tardé à devenir une préoccupation personnelle puis collective. «Les parents que nous encadrons au sein de l'association nous posent tous des questions sur le lien entre la drogue et la maladie mentale. Ils veulent en savoir plus afin d'aider leurs enfants à s'en sortir», ajoute-t-elle. L'ONG a donc invité un spécialiste, Dr. Youssef Mohi, pour répondre aux questions des parents lors d'une conférence qui se tiendra samedi 8 janvier (14h) au complexe culturel d'Anfa à Casablanca. «Parmi les questions que les parents nous posent très souvent, celle de savoir si c'est la drogue qui provoque la schizophrénie ou l'inverse», souligne la présidente d'AMALI. Différentes études sur cette «relation dangereuse» convergent vers cette conclusion : une personne consommatrice régulière de cannabis a quatre fois plus de risques de devenir schizophrène. Sur le site «http://troublespsychotiques.suite101.fr», on avance que 40% des personnes atteintes de schizophrénie étaient consommatrices chroniques de cannabis, mais que ce dernier ne peut être considéré comme cause immédiate de ce trouble mental. Il s'agirait, en fait, d'un facteur précipitant l'apparition de la pathologie. Les effets hallucinogènes des drogues, d'après la même source, peuvent entraîner le début de troubles psychotiques et ce risque est plus important chez les personnes vulnérables à cette maladie. Au Maroc où la schizophrénie touche plus de 300.000 personnes, ce problème représente une réelle préoccupation de santé publique. Dans les familles, c'est un fardeau financier et moral. A en croire l'association AMALI, pour chaque personne souffrant de schizophrénie, 3 à 4 de ses proches sont impliqués ; l'équilibre familial est gravement perturbé tant par les symptômes aigus que par les symptômes persistants, débouchant sur des ruptures avec et entre les proches non-malades ou sur des divorces. L'ONG insiste aussi sur les conséquences : insomnie, dépression, ulcères, problèmes cardiovasculaires… «Certains proches très éprouvés ne peuvent parfois plus travailler», rappelle l'Association. Afin d'aider les familles à mieux s'y préparer et surtout à mieux comprendre, AMALI a été la première au Maroc à adopter le programme «Profamille». Mis au point par l'Unité de psychiatrie sociale et préventive de l'Université de Laval (Canada), ce programme psychoéducatif a pour but de permettre aux proches de mieux connaître la schizophrénie, les traitements, et les difficultés sociales et relationnelles qu'elle entraîne. Concrètement, «Profamille» apporte une amélioration de la qualité de vie des parents des malades mais soutient également ceux-ci. L'Institut national (français) de la santé et de la recherche médicale (INSERM) sur les psychothérapies explique dans un rapport que le taux de rechute du malade à 1 an varie de 41 à 58% avec une prise en charge classique du malade et de 6 à 12% avec une prise en charge psychoéducative de la famille en plus. Le taux de rechute à 2 ans varie, quant à lui, de 66% à 83% en cas du traitement du malade uniquement et de 17% à 40% quand les proches sont aussi encadrés. Une passionnée infatigable Avant de devenir directrice du Bureau national de SOS Village d'enfants en 1998, Béatrice Beloubad est «tombée en amour» avec l'association. Le coup de cœur s'est déclenché lors de la visite du village SOS d'Imzouren qui avait ouvert ses portes six ans plus tôt. Allant à la rencontre des mères SOS, elle fut tout de suite séduite par le concept de l'Association, en particulier par son modèle d'accueil familial. Une fois directrice, elle met sur pied un forum des mères SOS. Pour elle, la place des mères est cruciale dans la reconstruction de ces enfants que la vie n'a pas gâtés. Depuis 2006, le rôle des mères SOS est reconnu par les pouvoirs publics puisqu'un statut professionnel leur a été accordées. Dans les villages SOS, le taux de scolarisation des enfants est aujourd'hui de 95 % sur un total de 619 enfants pris en charge. En 2011, l'Association souhaite que ce chiffre soit doublé pour atteindre 1.200 enfants.