Houdaifa Ameziane est le nouveau président de l'Université Abdelmalek Essaâdi (UAE), en remplacement du Dr. Mustapha Bennouna, qui a assumé deux mandats successifs. Quels sont les objectifs que s'est fixés le nouveau président de l'université pour les 26.000 étudiants ? Il livre au Soir échos le programme de son mandat. Le nouveau rapport McKinsey relève le faible niveau de l'enseignement au Maroc, derrière le Ghana, le Salvador, l'Algérie et la Moldavie. Houdaifa Ameziane évoque le plan d'urgence L'Université Abdelmalek Essaâdi est classée troisième à l'échelle nationale. Le nombre de ses étudiants est passé de 23.000 en 2009 à plus de 26.000 cette année. Pour ce qui est des enseignants, ils sont 734 pour l'année 2010-2011. Le nouveau président de l'UAE, qui dirigeait l'Ecole nationale de commerce et de gestion de Tanger (ENCG), a souligné au Soir échos l'importance de la formation professionnelle. Ainsi, il a été procédé à la construction de nouveaux établissements, en particulier l'Ecole nationale des sciences appliquées (Ensa) à Tétouan et la Faculté polydisciplinaire à Larache, et à l'extension d'autres facultés et écoles à Tanger et Tétouan. Contacté par Le Soir échos, Houdaifa Ameziane présente les challenges qu'il compte relever : « Ils sont plusieurs. Il y a d'abord le challenge émanent du programme d'urgence et du contrat-programme signé par toutes les universités marocaines en 2009 et notamment par mon prédécesseur. Les objectifs de ce programme sont (pour une fois, ndlr) basés sur les résultats en termes de formation, de recherche et d'ouverture. Nous devons donc honorer les engagements de ce contrat quadriennal. Ensuite, nous devons chercher à y intégrer les grands projets : il s'agit là de formations professionnelles. Nous devons orienter les universités pour que leurs formations soient en adéquation avec les besoins du marché du travail. Au lieu de former pour former, ce que nous avons fait pendant des décennies, nous devons former des étudiants prêts à l'emploi, avec des bases pratiques et non plus théoriques uniquement. En démultipliant ces formations de masters en bac+5 en transport logistique par exemple, formation en adéquation avec les offres d'emplois qui se créent par le biais du port de Tanger Med, nous devons exclure la massification pour favoriser une formation de bonne qualité, et cela induit un nombre limité de diplômés». Seulement, une formation élitiste est-elle suffisante ? Ne devons-nous pas plutôt favoriser les formations professionnelle à bac+2 de type BTS et DUT ? Pour Ameziane, «c'est une évidence. Un des objectifs du programme que j'ai proposé, c'est justement de multiplier les diplômes de ce type. La formation intermédiaire est aujourd'hui exigée par les entreprises marocaines. Nous sommes d'ailleurs en train de créer une école supérieure de technologie à Larache, et une autre le sera à Tétouan prochainement. Et je peux vous l'affirmer : au niveau de l'université, nous nous sommes fixé comme objectif de passer de 10 à 30% d'étudiants en formation professionnelle dans les 4 années à venir». Le rapport McKinsey Le gouffre dont l'Education nationale tente de sortir par le biais d'une panoplie de démarches et de programmes a une nouvelle fois été mesuré par le cabinet McKinsey. Le verdict est le suivant : le Maroc est le plus bas de l'échelle ! Sur une échelle de 1 (faible) à 5 (excellent), nous avons obtenu la note 1, derrière le Ghana, l'Algérie, la Moldavie et les Philippines, tous classés entre faible et correct, et loin derrière la Finlande qui culmine au somment du classement au niveau Excellent. Côté Maroc, les lacunes nous viennent en premier lieu du corps professoral qui n'est pas suffisamment formé, ensuite ce sont les moyens matériels mis à disposition des apprenants qui nous portent préjudice. La réaction du nouveau doyen de l'UAE est la suivante : «Je peux partager en partie les résultats sortis de ce rapport. La réforme qui est mise en marche a été initiée depuis l'an 2000 et c'est depuis l'année dernière seulement que le plan d'urgence est intervenu. Des moyens énormes ont été débloqués pour la formation et l'ensemble du corps professoral. Il n'y a pas de virus comme vous insinuez. Il y a de la lenteur dans le processus que nous essayons d'installer. C'est une question de management des hommes et des structures. C'est une question de volonté. Il faut éradiquer l'esprit négatif. Pour ma part, je suis optimiste. En 2020, nous aurons une université productive, compétitive et performante. D'autre part, cette réforme de l'enseignement doit être l'affaire de tous. Ce sont 30 millions de Marocains qui doivent le comprendre en s'impliquant d'avantage dans ce processus. Il faut aussi que l'ensemble des structures du royaume accompagnent cette volonté de changement et d'amélioration. Nous devons multiplier les restos U et les lieux culturels par exemple, les centres de loisirs et sportifs. L'enseignement ne peut pas réussir seul dans un monde déconnecté. C'est encore une fois l'affaire de tous». «Nous devons orienter les universités pour que leurs formations soient en adéquation avec les besoins du marché du travail », prône Houdaifa Ameziane.