La tension entre opérateurs pharmaceutiques ne faiblit pas. Les élections de l'AMIP pour la désignation du nouveau bureau sont de nouveau reportées. C'est la guerre ouverte notamment après la création de l'association des génériqueurs. La tension monte encore d'un cran entre les acteurs de l'industrie pharmaceutique à tel point que les élections de l'AMIP (Association marocaine de l'industrie pharmaceutique), prévues le 4 décembre dernier, ont été reportées sine die pour la seconde fois. Contacté par téléphone par la rédaction, Omar Tazi président d'honneur de l'AMIP, nuance : « La situation n'est pas aussi grave que l'on pens e». Avant d'ajouter : « La création de l'association des génériqueurs pose problème. Le secteur compte à peine une quarantaine d'entreprises et il est représenté par trois associations, à savoir l'AMIP, l'AMMG (Association marocaine du médicament générique) et l'alliance des multinationales (MIS, Marocaine innovation et santé). C'est trop ! ». Un avis que partage le président de l'AMIP Ali Sedrati, également PDG de Glaxo Smithkline Maroc. «Trop, c'est trop ! Cette situation ne fait qu'augmenter les divergences. Or, seule la synergie de l'ensemble des opérateurs pourra garantir l'évolution et le développement du secteur et aider à favoriser l'accès des citoyens au médicament », indique-t-il dans une déclaration au Soir échos. Créée en mars dernier, l'Association marocaine du médicament générique, présidée par Mohamed Houbachi, est née après une scission au sein de l'AMIP, puisque ses membres en sont des adhérents. Quelles en sont les raisons ? « Nous sommes dans un pays démocratique. Les avis divergent. Les conceptions d'action également. Cette nouvelle association a une tendance particulière », répond Ali Sedrati. Selon un observateur, l'AMMG se veut une structure à caractère spécialisé. Un courant qui entend défendre le médicament générique et ambitionne de devenir le porte-parole des génériqueurs du pays. Or, tous les opérateurs pharmaceutiques font du générique. Certes, il existe des génériqueurs à part entière, c'est-à-dire qui ne font que du générique, alors que pour d'autres acteurs, celui-ci ne représente qu'une partie de leur activité. « Même les multinationales font du générique », lance un opérateur. « Qui est alors génériqueur et qui ne l'est pas ? C'est la question qui se pose », s'interroge Omar Tazi. Les défenseurs de la nouvelle association répliquent : « Le MIS défend le princeps, l'AMMG le générique». Une question s'impose : Pourquoi choisir ce timing pour créer cette association des génériqueurs ? Le marché des génériques représente environ 25% des médicaments vendus au Maroc. Redynamiser ce marché est devenu une priorité pour le ministère de la Santé car l'enjeu économique est important. Les opérateurs de l'industrie pharmaceutique en sont conscients. Le retour au calme n'est pas donc pour demain. Interrogé sur la tenue des élections, Sedrati répond : « Aucune date n'est arrêtée pour le moment. Un comité a été créé. Il se penche actuellement sur d'éventuelles propositions de réorganisation de l'AMIP. Le statut peut être revu si l'on juge cela nécessaire. On arrêtera la date sur la base des propositions du comité ». Les divergences persistent et les relations sont de plus en plus tendues. Le bras de fer est donc engagé. L'association des génériqueurs ne croisera pas les bras, elle compte organiser une conférence de presse après les élections. Et l'on s'attend à de grandes annonces. Redynamiser le marché des génériques est devenu une priorité pour le ministère de la Santé car l'enjeu économique est important.