Les ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères rapportent devant la presse nationale et étrangère les faits qui allaient engendrer des drames lors des évènements de Laâyoune. Alors que les pourparlers informels se tiennent à Manhasset, des bandes organisées, téléguidées depuis l'Algérie et Tindouf, vont faire diversion, allant jusqu'à assassiner de sang froid des membres des forces de l'ordre. Le gouvernement a finalement décidé de révéler, officiellement, les tenants et aboutissants des graves incidents qui ont secoué, lundi 8 novembre, la ville de Laâyoune. Lundi 16 novembre, soit une semaine après, Moulay Taïeb Cherqaoui et Taïb Fassi Fihri, respectivement ministre de l'Intérieur et des Affaires étrangères, ont invité un parterre de journalistes marocains et étrangers pour que ces derniers puissent éclairer l'opinion nationale et internationale sur les véritables raisons derrière le triste drame qu'a vécu la ville, après le démantèlement du camp Gdeim Izik et surtout après la campagne de désinformation menée par la presse espagnole et algérienne : «Les autorités sont intervenues de façon à préserver l'intégrité physique des personnes qui étaient séquestrées au camp, sans faire usage d'armes à feu, ni dans le camp ni face aux actes de vandalisme qu'a connus Laâyoune», a déclaré le ministre de l'Intérieur. Selon lui, le mot d'ordre donné et l'attitude de réserve observée par les forces d'intervention expliquent parfaitement le nombre de décès dans les rangs de ces dernières : «Les forces de l'ordre se sont trouvées face à une situation difficile d'autodéfense, ce qui explique les douloureuses pertes humaines enregistrées dans leurs rangs». Des bandes sèment l'horreur Depuis l'installation des premières tentes à Gdeim Izik, les autorités marocaines ont en effet opté pour la voie du dialogue, sachant que l'objectif premier était de trouver une solution aux problèmes sociaux des contestataires, a déclaré le ministre de l'Intérieur, ajoutant qu'il était impossible de faire un autre choix qui ne saurait cadrer avec les grandes orientations du Maroc et son édifice démocratique. Dans les faits, l'intervention n'a été menée que lorsqu'il s'est avéré que le campement était tombé sous l'emprise de personnes qui ont tout fait pour saboter le dénouement de la crise et qui respectaient un agenda bien défini. Des trafiquants, des bandes organisées et des opportunistes qui ont recouru à la violence pour empêcher les contestataires pacifistes de quitter le camp. Ces mêmes personnes, ayant cumulé à leur registre des antécédents judiciaires, conditionnaient l'évacuation du camp à l'engagement de l'Etat a annuler les poursuites judiciaires engagées à leur encontre : «Des membres de bandes de trafiquants demandaient tout simplement l'annulation d'avis de recherche lancés contre eux et la libération des membres de leurs bandes en détention», a indiqué Taïeb Cherqaoui. Pire encore, ceux-là mêmes qui défendaient le principe des revendications sociales allaient tout d'un coup devenir otages de cette situation en subissant des actes de violence.Lors de cette conférence de presse, une vidéo retraçant les détails de l'opération de démantèlement du camp et des actes criminels et de destruction commis par ces bandes, a été projetée devant les journalistes. On y voyait un élément de ces bandes égorger un élément des forces auxiliaires désarmé. Le meurtrier, qui a été filmé par des caméras des services de sécurité, a été identifié et il est actuellement activement recherché, selon une source officielle. Les images montrent des dépouilles d'éléments des forces de l'ordre souillées par des actes inhumains. Parmi les méthodes utilisées par ces bandes, l'utilisation de véhicules 4×4 roulant à vive allure pour bousculer les forces de l'ordre et se déplacer dans plusieurs lieux afin d'y mettre le feu à l'aide de bonbonnes de gaz et de bouteilles incendiaires. Les membres de ces bandes étaient armés de sabres, de haches et de coutelas dont ils se servaient pour semer la terreur parmi la population et tuer de sang froid. Certains portaient des treillis et avaient le visage caché. «Le Maroc n'a jamais connu par le passé ce genre d'actes barbares dont nous connaissons les instigateurs», a affirmé le ministre de l'Intérieur, précisant que les auteurs de ce genre d'actes s'activent dans la région du Sahel. L'intervention de la force publique dans le campement de Gdeim Izik et dans la ville de Laâyoune, lors des troubles, «s'est faite sans que l'on ait tiré la moindre balle». Les forces de l'ordre, a précisé le ministre, ont procédé à l'évacuation du campement en moins d'une heure, Par la suite, «ces milices ont transféré les affrontements dans la ville de Laâyoune, où elles ont incendié des bâtiments et des biens publics et porté préjudice aux propriétés d'autrui», a souligné Cherqaoui, indiquant que les forces de l'ordre ont fait face à ces actes en recourant aux seuls moyens classiques de dispersion des manifestations pacifiques, malgré la violence qu'elles ont subie. Le plan de diversion de l'Algérie et du polisario Les derniers événements de Laâyoune constituent une escalade dans une stratégie de diversion adoptée par l'Algérie et le Polisario, a indiqué pour sa part Taïeb Fassi Fihri lors de la même rencontre. L'objectif étant de torpiller «la véritable négociation» à laquelle appelle l'ONU, qui insiste sur des pourparlers «substantiels» et qui interpelle les parties à «intégrer une vision plus réaliste». selon le responsable marocain, le Conseil de sécurité n'a eu de cesse d'appeler, depuis 2004 «à la recherche d'une solution politique négociée, mutuellement agréée», à la faveur de la dynamique déclenchée par l'initiative marocaine d'autonomie. L'Algérie et le polisario ont adopté une stratégie de diversion en faisant valoir tantôt les questions de droits de l'homme, tantôt l'exploitation des richesses naturelles des provinces du Sahara, dans le but d'éviter de véritables négociations. L'affaire du campement de Gdeim Izik a démontré «l'acharnement de l'autre partie dans une tentative d'empoisonner le climat de la négociation».Concernant les derniers pourparlers informels de Manhasset, près de New York, Fassi Fihri a indiqué que la délégation marocaine a pu convaincre Christopher Ross de la nécessité d'imprimer une nouvelle dynamique et d'accélérer le rythme du processus de négociation.«C'est dans ce contexte que nous allons continuer les négociations», a-t-il déclaré, tout en précisant que le Maroc a démontré à Manhasset que le Royaume «n'était en aucun cas responsable de l'interruption du programme d'échange de visites familiales» entre les provinces du Sud et les camps de Tindouf.