Vous venez de recevoir le Prix de la Mamounia. Que représente pour vous cette consécration ? Une joie, bien évidemment, et le plaisir d'être choisi par un jury prestigieux parmi une dizaine d'auteurs, et non des moindres. Oui, le sentiment d'une reconnaissance chez moi. J'ai obtenu plusieurs prix à l'étranger, pour ce même livre à Paris : le Prix du roman arabe, partagé avec Boudjedra, mais à Marrakech, cela a plus de saveur. Après ce prix littéraire, ne sentez-vous pas le besoin de faire reconnaître davantage votre carrière d'artiste-peintre? Vous savez, ma carrière de peintre devance de loin ma carrière littéraire. Même après huit romans. Pour égaler le succès que j'ai auprès des galeries, des musées et des collectionneurs, il me faudrait, au moins, le Nobel ! Alors on est loin du compte ! Avec ce prix, Mahi Binebine le peintre ne risque-t-il pas d'être jaloux de Binebine l'écrivain? Dans les salons littéraires, la seule façon que j'ai trouvée pour vendre des livres, est de faire un dessin en guise de dédicace. Du coup, le livre prend dix fois sa valeur et ça m'évite de me rouler les pouces pendant des heures. Ça fait des jaloux ! Beaucoup de mes amis écrivains veulent se mettre à la peinture. Votre roman, les étoiles de Sidi Moumen sera adapté au cinéma. Avez-vous un droit de regard sur le produit final? Nabil Ayouch voulait que je fasse le scénario moi-même, j'ai plaidé l'incompétence. Et j'ai eu raison car le scénariste engagé, Jamal Belmahi, a fait un travail remarquable. J'ai lu son scénario, Nabil a insisté pour que j'aie un droit de regard. En vérité, le roman m'appartient, mais le film revient à ceux qui le feront. Ce sera une autre écriture, même si nous sommes complices, même si nos sensibilités sont proches… Quels sont vos prochains projets littéraires? Mon prochain roman est en chantier et j'en suis à la moitié. Il est prévu, si la peinture cesse d'engloutir tout mon temps, pour la rentrée prochaine. L'histoire d'amour que je rêve d'écrire attendra car le sujet que j'aborde se situe, une fois de plus, au troisième sous-sol de l'humaine condition.