Le Forum culturel de Tanger (FCT) boycotte le premier Salon régional du livre de Tanger. Cette association dirigée par Ahmed El Ftouh est mécontente et n'hésite pas à exprimer sa déception haut et fort. Les membres du bureau protestent contre l'exclusion du forum et de plusieurs intellectuels et artistes de la ville. «L'exclusion dont il a été victime émane d'un établissement public censé travailler dans une totale transparence et traiter avec une entière impartialité tous les acteurs culturels de la ville, loin de tout clientélisme, favoritisme ou passe-droit», selon un communiqué du Forum. Le coordinateur général du Forum dit ne pas comprendre cette attitude de la délégation régionale du ministère de la Culture. «Le FCT, lors de son assemblée générale du 17 septembre 2010, avait déjà déclaré son adhésion pleine et inconditionnelle au projet d'organisation du premier salon régional du livre, l'avait inscrit dans son agenda et avait même entamé des discussions avec le délégué de la Culture pour contribuer à la réussite de cette manifestation. Mais voilà qu'il a été désagréablement surpris par cette exclusion injuste et injustifiée», peut-on lire dans le communiqué. Du côté de la délégation de la Culture à Tanger, c'est un autre son de cloche. D'un ton calme, Rachid Amhjour, le délégué régional, déclare au Soir échos : «Nous avons demandé au Forum de Tanger, lors de leur dernière assemblée générale, de nous aider à développer le programme de ce premier salon du livre, mais ils ne sont pas venus nous voir». Dans cette histoire, chacun renvoie la balle à l'autre partie. «Nous sommes allés leur proposer d'impliquer des écrivains tangérois dans ce salon, mais depuis notre première rencontre, plus aucun feedback. Le délégué nous a promis de nous rappeler», confie Ahmed El Ftouh. Rachid Amhjour temporise en soulignant que pour cette première édition, il n'était pas possible de faire appel à tous les intellectuels de la ville. «C'est une première édition, nous ne pouvons pas inviter tout le monde», a-t-il souligné. Autre motif de mécontentement des membres du Forum de Tanger, l'affiche de l'évènement. «Nous ne comprenons pas comment on peut retrouver le célèbre Ibn Battouta aux côtés de noms d'illustres inconnus, des écrivains qui n'ont même pas publié grand-chose, c'est une honte», lance Ahmed El Ftouh. Pour ce dernier, le message de l'affiche est clair : « Depuis Ibn Battouta, il n'y a pas eu d'autres célébrités dont peut se targuer la ville de Tanger, ce qui est complétement faux», ajoute le coordinateur général du Forum de Tanger. Rachid Amhjour ne partage pas cet avis. «Il s'agit d'une simple conception, pourquoi voir cela comme un complot», défend-il. Hassan Najmi, le directeur du Livre au ministère de la Culture, déclare pour sa part qu'il y avait des Tangérois sur la liste des écrivains qu'il a validée. «C'est impossible d'inviter tout le monde, même au Salon international du livre de Casablanca qui a une plus grande capacité, on ne peut pas se permettre de solliciter tous les écrivains et intellectuels. L'idée, c'est qu'à chaque édition, il y a de nouveaux noms». Dans le communiqué, les membres du Forum culturel de Tanger réclament aussi des autorités de tutelle que soit respecté l'arrêté du ministre de la Culture n° 1007-06, publié le 11 janvier 2006 dans le Journal officiel n° 5486, page 4219, qui stipule que le siège de la direction régionale de la Culture, pour la région Tanger-Tétouan, doit se trouver à Tanger. «Pour mettre fin à la politique d'appauvrissement culturel et artistique de cette ville», justifie Ahmed El Ftouh.