L'association mènera une évaluation de son programme de prise en charge mis en place dans la ville depuis 1999. Un plan de développement sera élaboré sur la base des résultats de l'évaluation. fatima zahra ennda A fin de renforcer son action au profit des enfants de la rue d'Essaouira, l'association Bayti mènera une évaluation de son programme dans cette ville. Selon Amina Lmalih, directrice du pôle Enfance de l'association, ce programme est mis en place depuis 1999. «Il porte sur la protection, la réhabilitation psychosociale, la réinsertion scolaire, socioprofessionnelle et familiale des enfants en situation difficile à Essaouira», indique-t-elle. Et d'ajouter «La présente évaluation entre dans le cadre du Plan de développement de l'association en général. Ce Plan vise, entre autres, la pérennisation des activités de Bayti et l'amélioration de la qualité de ses prestations». Les résultats de l'évaluation, quantitative et qualitative, du programme serviront à mettre en place le Plan de développement afin de répondre aux besoins de la ville en terme de prises en charge des enfants en situation difficile. «Essaouira est considérée comme une ville marginalisée vu le nombre important de sa population qui vit sous le seuil de pauvreté et ce malgré son essor touristique. Un nombre important de familles mène une vie précaire : chômage, alcoolisme, prostitution, addiction…», explique Amina Lmalih avant d'ajouter: «Les moyens de survie de ces familles se limitent à des petits métiers informels ainsi qu'à la mendicité et la prostitution. Les enfants constituent ainsi une source de revenus pour les parents et sont donc privés de leurs droits fondamentaux». Depuis sa mise en place, le programme d'Essaouira a pris en charge 450 enfants dont 156 filles et 294 garçons. «Depuis 1999, l'Association va à la recherche des enfants en situation difficile. Elle dispose d'un Centre de jour où une moyenne de 70 enfants sont pris en charge. Ils bénéficient d'activités psychosociales et éducatives, de séances d'hygiène, de rations alimentaires complémentaires et d'une prise en charge médicale», explique Amina Lmalih. L'association dispose également d'un appartement pour une dizaine d'enfants sans famille ou dont la réinsertion familiale est impossible et qui sont totalement pris en charge par Bayti. A cela s'ajoute un programme d'accompagnement destiné aux familles portant sur l'éducation parentale, la sensibilisation et l'accompagnement juridique et administratif. Amina Lmalih a précisé que l'évaluation de ces prestations servira également à introduire le dispositif de la «Famille d'accueil». «C'est un programme pilote que Bayti a mis en place, en 2008, en tant qu'alternative à l'institution en partenariat avec la fondation d'Auteuil en France et la coopération monégasque. Il vise les enfants sans famille ou ceux dont la réinsertion s'avère longue ou impossible et des familles qui répondent aux critères d'accueil», ajoute la directrice du pôle Enfance. Rappelons que l'association a dressé, en 2002, un état des lieux du niveau d'intégration des enfants dans leur famille biologique. Les résultats ont montré que la réinsertion réussit seulement pour 37% des enfants abandonnés. Bayti a mené ainsi, en 2008, auprès d'un échantillon de 1000 familles une étude de faisabilité pour ce nouveau dispositif. Selon Yamna Taltit, chargée de ce programme, les résultats sont encourageants. 60% des familles interrogées se sont montrées motivées pour accueillir des enfants en situation difficile. Le démarrage du programme a été accompagné d'un cahier des charges destiné aux parents désireux de prendre sous leur aile un enfant. Ce cahier des charges détaille les procédures, les critères que doit remplir une famille candidate à l'accueil d'un enfant. Ce document est actualisé et alimenté en permanence au fur et à mesure du processus de mise en place du dispositif. L'accueil de l'enfant passe par plusieurs étapes. L'association commence par mener une enquête sur la famille qui est réalisée par une assistante sociale. Le rapport de l'enquête et des réunions avec la famille est remis par la suite au juge des mineurs. En cas d'approbation, de ce dernier délivre une autorisation qui fixe toutes les modalités d'accueil. Ce dernier peut être occasionnel, mensuel ou durant les week-ends, selon les disponibilités de la famille. Notons que la mission de l'association ne se limite pas à la délivrance de l'autorisation. Elle assure le suivi et l'accompagnement de l'enfant et de la famille d'accueil à travers des visites menées par des assistants sociaux. «Les comptes-rendus des visites nous permettent de nous assurer de la bonne insertion de l'enfant», indique la responsable du programme. L'association réussira-t-elle à introduire ce programme à Essaouira? Il faut attendre les résultats de l'évaluation pour avoir un premier élément de réponse. L'association veut également préparer le terrain pour l'introduction du dispositif de «Famille d'accueil».