Organisé du 2 au 4 septembre à Accra au Ghana, le Forum pour la révolution verte africaine vise à impulser un véritable développement de l'agriculture en Afrique, en s'appuyant sur l'accroisement des investissements et la mise en place de politiques agricoles durables. Le Soir-echos a contacté des intervenants de l'évènement, pour avoir un écho direct des échanges qui ont eu lieu durant ces 2 jours. Entretien avec un spécialiste du développement agricole africain, Dov Pasternak. propos recueillis par céline girard Quel regard portez-vous sur l'organisation et le rôle d'un tel Forum ? Un nombre impressionnant de personnalités représentatives d'organisations clés impliquées dans le développement de l'agriculture en Afrique ont assisté au Forum pour la Révolution Verte africaine. L'accent a été mis sur les réserves de semences, l'utilisation des engrais, le développement du rôle des femmes et la question du financement du développement. Cet événement a un rôle important pour montrer aux populations, gouvernements et organisations que l'Afrique a besoin d'une révolution verte pour sortir de la pauvreté. Quel bilan faites-vous des discussions menées du 2 au 4 septembre ? Quelles avancées et points de blocage sont apparus ? A la fin de la journée, après les discussions, on ne pouvait pas vraiment pointer du doigt les manières de mener à bien cette révolution verte. Un facteur qui n'a pas été pris en compte est le fait que 70% de l'Afrique Sub Saharienne appartient du fait de sa sécheresse à ce qu'on appelle les zones tropicales semi arides (SAT). Ces zones abritent les populations les plus pauvres de l'Afrique sub saharienne. Si l'on veut véritablement atteindre les objectifs de Développement du Millénaire, il faut concentrer nos efforts sur cette zone. Or, l'agenda du forum s'est principalement concentré sur les pays d'Afrique tropicale. Mais je suis heureux de voir qu'on essaye de créer un leadership dans le développement en Afrique car un des nombreux obstacles au développement en Afrique est la dispersion des efforts. En Afrique, il y a des centaines d'intervenants, mais chacun a son propre agenda sans collaborer ou se coordiner avec les autres. Quel était le message de votre intervention lors du Forum, dans la partie « Recherche Scientifique et Innovation » ? J'ai exprimé ce qu'il me semble important de faire. Mon message était simple : il faut faire de l'irrigation. 40% des terres de récolte asiatiques sont irrigués, fournissant 70% de l'alimentation stable du continent. La révolution verte asiatique est le résultat de l'introduction de variétés sensibles à l'augmentation des intrants comme les engrais et l'irrigation. L'irrigation double le rendement des nouvelles variété de blé, c'est pour cela que le blé est irrigué dans des régions semi arides en Inde. En Afrique Sub Saharienne, seulement 6% des terres agricoles sont irrigués et dans la partie soudanaise du Sahel, seulement 1% des terres de récolte sont irrigués. Ceci est le résultat d'une négligence, non pas d'un manque d'eau car les zones tropicales semi arides sont très riches en ressources en eau non exploitées. Une révolution verte en Afrique est un entreprise complexe et l'irrigation n'est pas la seule solution. Mais l'irrigation, notamment des fruits et légumes, est un moyen sûr de mettre de l'argent dans les poches des paysans. Comment fonctionne le système d'irrigation que vous avez mis au point dans le cadre de vos recherches à l'ICRISAT ? Il s'agit d'une système d'irrigation au goutte-à-goutte à basse pression, dont nous avons développé 4 modèles, après 11 ans de recherche. Nous avons développé le modèle du « jardin potager africain », avec ce dispositif d'irrigation, sur 3.000 terrains communautaires découpées en parcelles individuelles de 500 mètres carré, dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. Ce système convient particulièrement aux femmes car il allège le travail. Quand cela est possible, nous utilisons également une pompe à énergie solaire pour l'approvisionnement en eau, ce qui permet encore d'économiser. * Le Professeur Dov Pasternak, de l'Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) au Niger, travaille sur la mise au point de nouvelles technologies agricoles en zones semi-arides. Il était l'un des intervenants du Forum, dans la session «Recherche Scientifique et Innovation».