L'ONU a révélé lundi qu'au moins 154 femmes de la province du Nord-Kivu ont été victimes ces dernières semaines de viols, perpétrés par un groupe de rebelles des Forces Démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et des combattants Maï-Maï. Ces actes ont été commis de façon collective par les rebelles rwandais et congolais au fur et à mesure qu'ils traversaient les villages pendant 4 jours fin juillet. Une base des Casques bleus de l'ONU était située à environ 30 km des faits, suscitant des interrogations sur l'efficacité de la force supposée protéger les populations civiles. «Les attaquants du FDLR ont bloqué la route et empêché les villageois d'atteindre le point de communication le plus proche», a indiqué le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, Martin Nesirky. Les premiers récits faisant état des violences sexuelles n'ont été rapportés à la Mission que le 12 août, soit plus de 10 jours après les faits. «Les villageois ont peur des représailles, ou alors ils sont paralysés par un sentiment de honte après ce qu'on vient de leur faire subir, à eux-mêmes ou à leurs proches», a déploré lors d'une conférence de presse Roger Meece, représentant spécial du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo. Ces actes ont été condamnés par l'ensemble de la communauté internationale. Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'ONU, s'est dit profondément scandalisé par ces nouveaux cas de viols, indiquant que ces attaques illustraient l'ampleur des violences sexuelles en RDC. Un haut responsable de l'ONU, Atul Khare, numéro deux du département de maintien de la paix et de la sécurité, a été envoyé sur place pour enquêter sur la situation. Les Etats-Unis se sont déclarés mercredi «profondément inquiets» face à la multiplication des viols collectifs commis dans l'est de la RDC. Ils ont fait savoir qu'ils étaient disposés à apporter leur aide pour y mettre fin. Ces agressions mettent en lumière l'ampleur et la brutalité des violences dont sont victimes les populations civiles congolaises. «Les gens qui vivent dans cette zone sont victimes depuis des années d'une violence extrême. Des milliers de personnes sont mortes, et des millions d'autres ont été victimes de violences sexuelles», a déclaré avec consternation Roger Moore, représentant onusien. En avril dernier, la porte-parole du Haut Comité pour les Réfugiés (HCR), Melissa Fleming, avait déjà tenté d'alarmer la communauté internationale des violences sexuelles perpétrées en RDC. Au cours du premier trimestre 2010, les statistiques des Nations Unies révélaient que 1.244 femmes avient subi des violences sexuelles à travers le pays, soit une moyenne de près de 14 agressions par jour. Au moins 200.000 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées depuis 1996. «Nous craignons que le nombre réel soit encore bien supérieur, étant donné que de nombreuses victimes gardent le silence par crainte d'ostracisme», a ajouté Melissa Fleming à la suite de ce bilan révoltant. Le HCR déplore le manque de justice et l'impunité généralisée. Plus d'un tiers des cas de viols enregistrés se sont produits dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu à l'est de la RDC, qui accueille 1.4 million de personnes déplacées. Depuis plus de 10 ans, cette partie du pays est le théâtre d'un conflit sans fin, où les multiples mouvements rebelles font régner la terreur sur les populations civiles.